Le Dernier Rempart par Wykydtron IV
A la sortie du film au ciné, je ne comptais pas du tout le voir. Les avis aux USA étaient très enthousiastes, mais je faisais plus confiance aux français, beaucoup plus critiques.
Le dernier rempart est un film d'action US réalisé par un cinéaste-auteur sud-coréen, qui apparemment parlait difficilement anglais sur le tournage. Ca sentait mauvais, et sans bien connaître le réalisateur, très apprécié par le public néanmoins, je me sentais désolé pour lui, je l'imaginais faire un film très impersonnel.
Mais depuis, j'ai eu des retours positifs, dont de Nhoj, mon éclaireur qui met 5 à Last action hero et 3 à True lies ! (wtf, sérieusement, Nhoj, putain ?)
Et puis, j'étais voué à voir Le dernier rempart, j'ai épuisé tous les films rétros de Schwarzie qui sont bien notés, et celui-ci, avec sa moyenne de 5,7/10, a la meilleure note sur Senscritique, parmi ceux que je n'avais pas encore vu !
Le héros de Le dernier rempart est Ray Owens, le shérif d’une petite ville où les habitants croient pouvoir faire quelques petites entorses à la loi sans qu’on ne leur en tienne rigueur, et doivent aussi penser que le shérif n’a pas vraiment d’utilité, car rien ne pourrait arriver de grave dans un coin paumé comme Summerton Junction. Même parmi les hommes du shérif, il y a du relâchement.
C’était une bonne idée de donner un rôle pareil à ce Schwarzenegger vieillissant, plutôt de faire comme s’il était toujours le même qu’avant. Arnold a néanmoins toujours la classe, il a une prestance d’enfer, rien qu’en s’avançant vers nous, les lunettes de soleil sur le nez.
Son âge ne l’empêche pas plus tard de passer en mode Terminator, face à des adversaires plus nombreux, plus jeunes, et mieux armés ; c’est un peu n’importe quoi, mais j’étais ravi de voir ça.
Dans Le dernier rempart, on retrouve l’humour du ciné d’action d’antan, Arnold et ses phrases qui tuent, dont la prononciation si spéciale provoque éclats de rire et jubilation, et on retrouve des situations outrancières, hilarantes, comme seul le cinéma US peut se le permettre. Quel plaisir de constater qu’on peut encore voir tout ça dans un film récent.
Par contre, du cinéma contemporain, on retrouve certains défauts : du sang en CGI bien factices, quelques effets numériques et fonds verts presque bâclés, et ce foutu étalonnage orange et bleu ! C’est abusé, il y a des plans de nuit où tout, absolument tout, est soit orange, soit bleu. Même le sang est orange, putain !
Il y a dans ce film des plans qui attestent de la présence d’un auteur derrière la caméra, notamment ce plan d’introduction qui débute sur un ciel étoilé pour effectuer ensuite un lent panoramique vers un policier dans son véhicule, que l’on observe un moment. Et en même temps, il y a des plans de blockbuster US : ces animations cools du générique de début, cette stylisation visuelle censée en mettre plein la vue, ces larges mouvements de grue impressionnants, ce plan où le véhicule du shérif se gare juste devant la caméra, qui fait un travelling jusqu’à la portière, etc.
C’est surprenant comme l’identité du cinéaste Coréen aux commandes finit par s’effacer derrière les codes du film d’action américain, que ce soit ceux des 80’s ou d’aujourd’hui.
En tout cas, les scènes d’actions sont très bien filmées, bien montées, assez lisibles, et les bruitages sont géniaux.
Il y a quelques belles idées scénaristiques qui ajoutent des touches d’originalité aux scènes d’action (le pistolet de détresse, le bazooka qui n’atteint pas sa cible, …), et des mises à morts bien badass. A une époque où tous les blockbusters d’action se ressemblent, et font preuve d’une violence aseptisée pour plaire à un plus grand public, Le dernier rempart se démarque.
Il y a même du suspense efficace, comme lors de cette fusillade entre policiers inexpérimentés et bandits lourdement armés, et également des moments d’émotion qui fonctionnent, chose très rare dans ce genre de film.
Le principe du film en lui-même était déjà intéressant : un criminel au volant d’un bolide va traverser la petite ville de Summerton Junction pour atteindre la frontière Mexicaine, et le shérif est le seul à pouvoir l’arrêter. Je me demandais comment on pouvait tirer un film entier d’une rencontre qui allait s’avérer très furtive, mais il y a bien plus que ça. Et certains éléments rendent le problème de l’arrestation encore plus épineux : le bolide est une voiture modifiée pour un salon automobile, plus puissante que les modèles normaux, et à bord le criminel a embarqué une otage.
Les personnages ne sont pas forcément originaux, mais j’apprécie le soin qu’on a voulu apporter à leur caractérisation. Il y a notamment un jeune policier qui veut quitter la ville pour aller là où il y a de l’action, et où il pourra vraiment agir.
Parmi les acteurs, on a Johnny Knoxville, il était la source d’une de mes réticences, car après tout, que viendrait-il faire dans un film d’action avec Schwarzenegger ? Finalement j’ai bien aimé son personnage un peu taré, adepte des armes.
Il y a dans Le dernier rempart tout ce que j’aime dans le ciné d’action des 80’s, avec quelques plus, comme un traitement plus soigné des personnages et une mise en scène plus appliquée… mais un inconvénient majeur qui est cet étalonnage horrible.
En tout cas, ce film est la preuve qu’on peut encore faire de bons blockbusters d’action à notre époque, il y a encore de l’espoir pour l’avenir.