Après la Troisième Guerre Mondiale, l'humanité a disparu, sauf dans l'hémisphère Sud. En Australie, une station navale reçoit des signaux en morse venant des Etats-Unis : on envoie en mission un sous-marin américain désormais sans attache voir s'il reste des survivants. Cela dit, les radiations arrivent et tueront le reste de l'Humanité d'ici quatre mois. Chacun se prépare comme il peut.

Dieu que c'est sombre ! A côté, des films comme "La route" sont des promenades de santé. Pas besoin de violence, pourtant, et le thème du suicide ou de la mort inévitable est abordé frontalement.

Le film alterne les missions du sous-marin avec les passages à terre, où le destin des protagonistes se développe. Il y a le capitaine du sous-marin, Dwight (Peck), qui a perdu sa femme et ses enfants dans la guerre et ne peut admettre qu'ils sont morts. Il cherche une épouse par procuration dans une call-girl alcoolique, Moira (Ava Gardner). Il y a le jeune couple joué par Perkins et Donna Anderson : elle refuse de voir la réalité en face, et refuse les pilules que le gouvernement donne à ceux qui préfèrent se suicider plutôt que de souffrir bêtement. Il faut dire qu'ils ont un bébé. Il y a le scientifique (Fred Astaire, étonnant), personnage désespéré qui décide de mourir au volant d'une Ferrari. Et le chef de la Navy, qui ne voit pas que sa secrétaire se consume pour lui.

C'est un film à thèse, par conséquent le scénario est très important. On pourrait multiplier les bonnes idées : ce soldat qui décide de rejoindre Frisco à la nage ; la bouteille de Coca à l'origine des signaux en morse ; la religion ou la pêche comme dérivatifs en attendant la mort. Ou encore cette longue scène de pêche à la truite (le dernier souhait de Peck avant de mourir), avec une soirée dans un chalet sur fond de chants traditionnels.

L'image n'a rien d'exceptionnel, et les cadrages sont classiques, représentatifs du savoir-faire hollywoodien. Et pourtant l'ambiance du film est particulière, proche du film d'art et d'essai, avec tous ces acteurs qui semblent jouer avec une boule dans la gorge. Un sentiment de perte sous-tend (je n'ose pas dire "irradie") tout le film. De manière assez sarcastique, la musique est douce et parfois même assez légère.

J'imagine le choc qu'a dû être le film en 1959, soit trois ans avant la crise de Cuba. Pourtant, le plaidoyer anti-nucléaire n'est pas étiré démesurément, et comme le dit le scientifique : "The problem is you want simple answers, and there is none". Au fond, la réflexion porte plutôt sur la folie humaine en général, enfin je crois.

"Le dernier rivage" est un film sombre, moins violent mais au fond plus osé que d'autres dystopies plus récentes. C'est un film hollywoodien, mais avec des relents de films d'art et d'essai. Aujourd'hui, on regrettera peut-être quelques longueurs dans la séquence finale qui représente la mort de l'Humanité. A l'époque, ça a dû faire un effet boeuf.
zardoz6704
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le 28 avr. 2013

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