Celui-là j’ai dû le regarder autant que Die Hard 3, jadis, c’est dire. Puis plus du tout. J’adorais son côté badass over the top, ses punchlines, son rythme, sa violence, son extrême grossièreté. J’adorais ce duo mal assorti incarné par Bruce Willis et Damon Wayans : Joe Hallenbeck, cet ancien agent des services secrets, devenu détective privée alcoolique & Jimmy Dix cet ancien running back banni pour paris sportifs illicites, dorénavant cocaïnomane. Comment faire plus loser anti-héros que ces deux types, que ce Bruce Willis là, pire encore que le John McClane de Die Hard, tant c’est une vraie poubelle, ici.
Là en le revoyant je ressens bien (plus) l’écriture de Shane Black (que la mise en scène de Tony Scott) qui a donc aussi écrit L’arme fatale. Il y a beaucoup de similitudes entre les deux films : c’est aussi très déprimant, comme récit. Mais il y en a aussi quelques-unes avec Une journée en enfer, qui se fera après et qui le surpasse largement : Scott n’est effectivement pas McTiernan. Mais ce sont deux films très différents pourtant, car celui-ci suit une trame de film noir, un récit de privés, aux accents de film d’espionnage, les flics en sont absents, ne reste plus que de géniales gueules cassées improbables.
Il parait que ce fut un cauchemar à faire, que les acteurs se détestaient, que Scott, Black et Silver (le producteur) se faisait globalement la guerre. Cette dimension chaotique se ressent un peu à l’image, c’est vraiment le foutoir. On sent que ça peut glisser dans le n’importe quoi à tout moment : la marionnette dans la forêt, les deux mallettes à la fin, le dernier combat sur les projecteurs du stade de football. Mais qu’importe, je suis super content de l’avoir revu. Et puis cette gamine qui est une machine à insultes, c’est fabuleux. Bourrin, viriliste, bref du mauvais goût assumé jusqu’au dernier pas de danse à la fois complètement absurde et étrangement poétique. Tellement loin de nos actioners tout polissés d’aujourd’hui.