Pourrait exister en version film d'auteur.
Au chapitre des films qui ont l'air pas terrible mais qui recèlent un élément plus intéressant que prévu, j'ai nommé The Last Samurai. On regrettera évidemment la forme du film typiquement américaine, et la présence à l'écran de Tom Cruise aussi brillante que la surface de mon assiette après avoir mangé de la mousse au chocolat.
Cependant, cependant. Le film illustre une curiosité culturelle, que l'on retrouve par ailleurs dans le film "La Bête de Guerre", qui est l'incorporation totale d'un ennemi de guerre dans sa propre société. Ici l'américain Cruise se retrouve comme remplaçant, ni plus ni moins, d'un samouraï qu'il a tué : il prend sa femme, sa maison, son statut.
Le pauvre éberlué se réveille sans comprendre ce qui lui arrive, et c'est bien naturel. Ce genre de choses n'arrive pas souvent, et certainement pas en Amérique. Mais elle reste très intéressante : pour une raison étonnante, la culture japonaise a établi la possibilité d'accueillir comme un des siens son pire ennemi.
Le résultat de cette incorporation, c'est, tout comme dans "La Bête de Guerre", une compréhension mutuelle et une communication impossible autrement. Il s'agit d'un geste proche d'un pardon culturel (et non individuel) qui ouvre la voie à une relation impossible autrement, qui se veut humaniste.
Le film reste ce qu'il est : un Tom Cruise de derrière les bidons. Pas de quoi pavoiser, mais il mérite cependant qu'on s'y attarde une fois, pour remarquer une intelligence qu'on lui refuse souvent. Même si dilué dans le reste, il y a ce petit truc anthropologique et humaniste qui ne manque pas d'intérêt.