Le médecin et le philosophe

Le film est remarquable à plusieurs égards : Costa Gavras a réussi à scénariser le dialogue (dans le livre éponyme) entre le médecin, Claude Grange, et le philosophe, Régis Debray, devenus Augustin Masset (Kad Merad, 60 ans) et Fabrice Toussaint (Bruno Podalydes, 61 ans), tout en étant constamment sur le fil du rasoir mais sans pathos, sur le sujet grave de la fin de vie et des soins palliatifs. On y découvre les cas rencontrés par le médecin [Sidonie (Charlotte Rampling, 78 ans), Léonie (Françoise Lebrun (80 ans), Estrella (Angela Molina, 69 ans), Léa (Agathe Bonitzer, 45 ans], d’une grande justesse de ton, qui donne un côté documentaire. C’est une réflexion sur les différents types de médecine (préventive, curative et palliative), sur quelle vérité dire au malade, comment gérer la famille (souvent un obstacle), l’importance d’écouter le malade, seul à décider du moment et de la façon de mourir dignement ("la mort étant la grande découverte à faire au XXIe s, après celle du sexe au XXe s"). Dans la présentation des cas, s’immisce la relation entre le médecin et l’écrivain, d’autant que Bruno Toussaint, qui a déjà écrit sur la fin de vie et la « bombe » constituée par le vieillissement de la population, se questionne sur la sienne, à la suite de plusieurs examens au scanner. Sans oublier la mise en scène et une caméra au plus proche des acteurs, et la musique d’Armand Amar (69 ans, 5e collaboration avec le réalisateur).