Pierre Chenal est un réalisateur dont je vais devoir m'y pencher de plus près. J'avais beaucoup aimé L'homme de nulle part, moins La maison du maltais, et celui-ci m'a de nouveau plu, de par sa noirceur, et l'issue fatale qui s'en dégage tout du long.
C'est la première adaptation du Facteur sonne toujours deux fois, bien avant les versions américaines, mais adapté en France par Charles Spaak. Un vagabond, joué par Fernand Gravey, s'arrête chez un restaurateur, Michel Simon, qui le prend en sympathie et accepte de le faire travailler dans sa demeure. Mais ce qui l'intéresse lui, c'est son épouse, jouée par Corinne Luchaire, qui l'attendait en quelque sorte pour devenir sa maitresse et faire en sorte qu'il fasse disparaitre son mari, et de faire passer cela pour un accident.
C'est un film noir avant l'heure, où Pierre Chenal aime bien les cadrages penchés comme pour interroger la morale biaisée de ses personnages, mais dont le couple adultère n'inspire pas la sympathie. Autant on peut avoir de l'affection pour Michel Simon, qui en fait des caisses comme d'habitude, autant Gravey et Luchaire sont dans une constante gravité. On retrouve aussi le personnage du commissaire, joué par René Bergeron, très perspicace, mais manquant de preuves, qui effectue des déductions comme un Columbo avant l'heure.
Le film va à 100 à l'heure, grâce à un montage resserré, mais il aurait pu se passer du court moment où Gravey va fréquenter une autre femme, une dresseuse de lions incarnée par Florence Marly, mais le résultat est vraiment efficace, compte tenu des contraintes liées à l'adaptation. De plus, Chenal film de très bonnes scènes d'extérieures, dont celle qui donne le nom au titre du film.