Le Dernier Trappeur par FPBdL
Le film s'ouvre sur les canyons enneigés.
La musique se colle sur un registre sensible et romanesque dirigée par les instruments à vent, pour nous préparer a un film profond axé sur l'émotion et la poésie. Les choses sont clairement plantées dans le prologue. Un film épique où la mise en scène se concentre sur les paysages pour poser la question de l'équilibre naturel. En fait, un hommage a une vie "pure et simple", idée d'ailleurs allègrement mise en évidence par les dialogues.
Le film offre sans conteste des images uniques et variées, tantôt aux sommets des montagnes ensuite dans la brume des rivières, toujours rendues à l'écran de façon merveilleuse. Il convient de le souligner, deux fois plutôt qu'une.
Ainsi, nous sommes volontier invités sur le traineau de notre hôte, à partager son histoire douce et attendrissante.
Norman fuit les exploitations forestières qui sacagent la fôret et détruisent sans vergogne l'eco-système. Moins de proies pour ce trappeur dans l'âme, le pousse à trouver refuge plus loin au milieu de la forêt.
C'est en soi, la transposition de l'esprit libre tribale dans une oeuvre contemporaine, comme pour permettre au spectateur de s'identifier plus facilement à ce personnage principal, et écouter chaque mot de son message. L'homme s'est éloigné de la nature, et a emporté avec, le respect qu'il lui doit. Pourtant, ce manque de communion le pénalise directement, puisqu'à ne pas vouloir voir la déchéance il reste ignorant de ses conséquences.
Le huski étincelant de blanc symbolise la pureté, l'esprit sauvage qui porte le récit du début à la fin, avec sans cesse l'opposition entre douceur et rudesse, l'avantage à suivre son mode de vie et aussi ses nombreuses difficultés. Norman est ainsi à l'aube de l'abandon face à cette vie plus ardue chaque année. La construction de la maison en est l'exemple probant, en restant la dernière interrogation du film.
Il est difficile tout de même de ne pas faire le parallèle avec L'Ours de Jean Jacques Annaud, où après s'être placé du côté de l'animal, on se positionne ici depuis l'humain pour traîter différemment un thème identique, avant tout celui d'un profond respect à l'égard de la nature.
Afin que l'on prenne tout la mesure de la plaidoirie, l'opposition entre les deux mondes est volontairement mise en relief. " Tu me passes la carte stp ?"
Norman se rend en ville pour acheter l'essentiel. La transition est brutale, les espaces calmes et reposants laissent place aux jeux d'argent, au bruit puis à l'hystérie, et Norman lui-même ne peut s'empêcher de boire. La ville est présentée à l'inverse comme le vice et le malheur, son plus fidèle compagnon d'ailleurs s'y fait tuer. Ce ne sera que pour être remplacé, et tenter de faire naître chez le spectateur le sentiment d'amour légendaire de Danse avec les loups...mais en nettement moins émouvant cette fois-ci (D'ailleurs le nom du chien, Apache, est plus qu'évocateur).
Les dialogues rabachent puis rabachent encore avec insistance, et l'on sent très vite qu'il faudra que ce pauvre chien lui sauve la vie pour enfin gagner sa tendresse.
On ressent aussi, et je suis peiné de me l'avouer, une certaine linéarité dans le récit. La scène du lac même est encore loin de nous faire frissonner. Les péripéties n'engendrent que peu de conséquences, malgré des sommets poétiques. Les chiens ramènent le traineau, qui ne tombe pas, les loups sont peu persévérants et Apache fait bien vite oublier son prédécesseur, auparavant tant aimé.
Ce n'est pas que l'on espère voir cet homme chuter, mais on cherche où se trouve l'intrigue ou quand viendra l'élément perturbateur censé raviver notre intérêt au moment où l'on s'enfonce dans notre siège.
Mais la fin s'annonce, alors que l'on semble être à la seule moitié de la bande, en nous laissant sur notre fin.
C'est en résumé une belle épopée, un bon moment de détente et de plaisir, mais ce film peinera je pense a persévérer dans la mémoire.