Au-delà du fait qu'extorquer un pognon de dingue à des Nazis doit faire un bien fou, il faut bien un film pour poser la question du génie artistique. La maestria technique peut-elle seule assurer le succès ? A quelle reconnaissance peuvent prétendre les peintres capables de se couler dans différents styles ? Faut-il être monomaniaque pour percer ? Quelle expertise réelle ont les experts, les critiques et les collectionneurs ? Autant de questions un peu arides que cette histoire en costumes permet d'appréhender de façon plutôt distrayante, sur une trame assez maligne : le plus grand faussaire des Pays Bas a fricoté avec les Nazis, oh le vilain garçon. Sauf que c'était pour leur refiler des faux... malin, non ? Évidemment, la personnalité flamboyante et complexe de ce génie narcissique ne contribue pas à rendre l'affaire limpide. Un faussaire, par définition, ça ment et ça dissimule en même temps que ça montre son véritable talent. C'est aux autres de placer la limite. Ensuite, la comédie humaine peut s'animer autour des faux Vermeer, dans un procès d'intentions où se révèle la mesquinerie ou la grandeur des caractères. Comme dans n'importe quelle affaire. Comme lorsque l'enquêteur principal, obnubilé par sa droiture, reproche à sa femme sa connivence avec l'ennemi pendant l'occupation, alors que lui a fui pour s'engager. Autant de paradoxes que le film déroule avec grâce, pour finalement parvenir à démontrer qu'en matière de guerre, d'art, d'amour ou de réussite, rien n'est jamais simple. Mais aussi que les individus disposent de boussoles assez fiables quand ils veulent bien regarder en face les sentiments qu'ils éprouvent. Ça semble évident, dit comme ça, mais les occasions quotidiennes d'en douter abondent et cette fiction a le mérite de le rappeler plaisamment.