Armageddon

Une production rare dans le paysage cinématographique français qui avait de quoi susciter la curiosité, même si je me doutais un peu que ça pencherait vers la série B de S.F fauchée avec toutes les tares inhérentes au genre. La générosité artistique est néanmoins perceptible, le film propose un environnement esthétique soigné avec une inventivité appréciable pour créer son univers futuriste low cost. Hélas à trop vouloir faire d'emblée un film pompier pour son premier long métrage le réalisateur tombe dans le truc trop inconsistant qui abuse de références pour s'acheter un style à moindre frais, l'exemple typique du projet de cinéphile aux yeux plus gros que le ventre qui patauge dans l'ombre de ses modèles.
La musique invasive participe du même procédé mais l'effet fonctionne mieux, cette compilation de morceaux choisis confère à l'ensemble une ambiance vintage qui fait bien souvent coulisser les choses tout en apportant un peu de peps à ce road movie désertique. Ce mélange insolite entre Bagdad café et Star wars a de la gueule à défaut de consistance, le scénario s'égarant un peu trop dans les grandes aspirations métaphysiques et les métaphores écolo-freudiennes assez lourdes. Le film souffre qui plus est de quelques incohérences qui entament un peu plus la crédibilité de l'aventure, les soldats qui tirent sur le héros alors que c'est le seul espoir de l'humanité par exemple. Heureusement le casting donne une incarnation à ce flou artistique, Hugo Becker fait le boulot et son duo en mode buddy movie générationnel avec la gamine fonctionne plutôt pas mal, Jean Reno en second rôle de poids est toujours impérial en patriarche charismatique et apporte à ce projet une vraie crédibilité.