Avec la réouverture des salles, nombreux sont les films français à se présenter à nous, permettant au cinéma de notre pays de prendre plus de place qu’il n’en a parfois parmi l’offre proposée et aux yeux du public. L’occasion de découvrir des pépites et de sortir des sentiers battus, comme à travers la découverte d’un film de science-fiction français tel que Le Dernier Voyage.


La science-fiction n’est certes pas un genre nouveau par chez nous, il a même ses références de renom, allant du Voyage dans la Lune (1902) de Georges Méliès au Cinquième Elément (1997) de Luc Besson, en passant par La Cité des Enfants Perdus (1995) de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro, jusqu’à des films plus récents et prometteurs comme Dans la brume (2018) de Daniel Roby. Alors, quand on voit cette affiche dessinée au côté très rétro, qui sent bon les années 80, on a bon espoir de découvrir quelque chose que l’on voit rarement par chez nous.


Le Dernier Voyage nous immerge dans cet univers post-apocalyptique où une planète inconnue menace de détruire la Terre, où l’humanité survit dans un environnement désertique et désolé. La Tour Eiffel écroulée, les villes en ruine, les symboles qui représentent notre monde ne sont plus qu’un lointain souvenir. Rapidement, le spectateur découvre un univers aussi singulier que référencé. Paysages désertiques et environnement crasseux à la Mad Max, hologrammes, technologie et quête mystique à la Blade Runner, costumes à la Star Wars, la fuite d’un ennemi surpuissant à la Terminator… A l’image de son affiche, Le Dernier Voyage revendique ses références pour se présenter comme un film de passionné, honnête dans sa démarche, quitte à être submergé par elles dans cette volonté de créer un univers vivant et unique.


En effet, le principal atout du Dernier Voyage réside dans sa photographie soignée et dans la retranscription de cet univers post-apocalyptique très intéressant à découvrir. L’enjeu, en contrepartie, était d’être en mesure de développer un scénario consistant pouvant permettre de mettre le fond au niveau de la forme, ce que le film parvient moins à faire. L’histoire ici racontée a des allures de véritable tragédie familiale, traitant du poids du deuil et de la place de la mort dans la vie de chacun, et la science-fiction est un genre qui s’adapte très bien aux drames familiaux, comme on a pu le voir récemment avec Interstellar (2014) et Ad Astra (2019), pour ne citer qu’eux. Cependant, celle-ci trouve peu de place pour se développer, et se confronte à des écueils très classiques qui finissent par la rendre très conventionnelle, au détriment de l’intérêt du spectateur envers elle.


Là réside toute la frustration que peut générer Le Dernier Voyage, un film qui fait plaisir à voir pour ce qu’il montre de la capacité du cinéma français à proposer du bon cinéma de science-fiction, mais qui se retrouve aussi face à ses propres limites. La durée, raisonnable voire trop, le condamne aussi à courir après le temps qu’il peine à rattraper dans un dernier acte qui file à toute allure. A côté, entre références cinématographiques et musicales, le cinéaste ne lésine pas sur les clins d’œil personnels, ce qui donne au film un côté très sincère et honnête. Reste ainsi l’impression d’avoir vu quelque chose qui a de l’allure, mais qui a plus de mal à véritablement résister à l’épreuve du temps.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

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le 27 mai 2021

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