C'est une marche funèbre poétique, d'une mélancolie toute russe teintée d'érotisme brut qui va se noyer dans la rivière qui réunit les mortels qui s'aimaient. Le chagrin y est exorcisé par les souvenirs simples évoqués, avec tendresse et crudité par le mari éploré, qui n'a pourtant rien d'un prince charmant. L'absence de participants à cette cérémonie, voulue par le mari et qui évite tout ce qui procède du spectacle, et la beauté du décor autour de la crémation artisanale, lui donne une puissance singulière et une dimension d'absolu... La description détaillée de toutes les étapes des rituels autour du corps de la défunte, jusqu'à l'image crue du sac de cendres contigüe à celle de son beau corps pulpeux visualisé juste avant, nous rappelle sans ménagement que nos corps ne sont que poussière et voués à la finitude... seul l'amour n'a pas de fin veut nous dire l'histoire...
La caméra de Fedorchenko a su rendre dans ce sombre récit, toute l'intériorité des personnages, par des séquences qui s'attardent sur les douleurs muettes et quelques plans de toute beauté sur la rivière qui engloutit tout …. y compris nos illusions !