Un moment de pure poésie.
Tout commence par l'achat de deux oiseaux achetés pour une poignée de roubles à un vieillard solitaire. Le film est introduit par un plan les montrant virevoltant dans une cage accrochée au vélo de leur acquéreur, Aist. Homme calme et triste, il travaille comme photographe dans une usine. Résidant dans un petit village sur les rives de la Volga depuis sa naissance, il fait partie d'une communauté descendante d'un peuple oublié, les Méria. Respectueux de leurs coutumes et rituels, il accepte d'accompagner son patron enterrer Tanya, sa femme.
Le titre original de ce film, " Ovsyanki ", signifie en russe "bruant ", des d’oiseau chantant qui rappellent le moineau de nos contrées. Ces oiseaux sont omniprésents dans la campagne russe, au point de passer inaperçus.
Le film s’articule donc autour de ces trois personnages : Miron Alekseevich, le directeur de l'usine de papier à Neïa, qui emploie Aist Sergeev et Tanya, artiste-peintre et épouse de Miron. Ce sont tous des gens ordinaires mais au-delà des apparences, de leur façade silencieuse, il y a la force de leurs traditions et des passions qui les animent intérieurement. Ils ont quelque chose de ces bruants : à première vue anodins mais d’une grande richesse intérieure pour qui les observe avec acuité.
Ce film est une ode à la nature, elle est omniprésente. A travers le prisme de cette culture oubliée, on découvre une Russie triste et touchante qui s'accroche à ces traditions ancestrales et à son histoire.
Aleksei Fedorchenko nous livre un film intimiste et sensuel sur la nature, l'importance des coutumes partagées et le deuil. Un moment de poésie grave et mélancolique qui me donne envie de visiter cette Russie anonyme et silencieuse, perdue dans les forêts entourant la Volga.
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