Finalement, une bonne idée a toujours ses limites. Avec le dernier voyage du Demeter, nous partons dans l'univers de Dracula, vu et revu maintes et maintes fois. Maintenant à la différence des nombreuses adaptations, c'est la pointe d'originalité qui attire l'attention. Oui, l'originalité, car même si nous partons du principe que nous allons suivre une partie du livre de Bram Stoker, cela ne reste qu'une partie. Adieu le château, Van Helsing, Renfield et bien d'autres. Adieu cette mythologie dans les Carpates, tenons-nous en à la traversée amenant le comte à Londres et l'abbaye de Carfax.
Sur le papier, ce trajet est plaisant, et laisse multiples possibilités au scénario, mais c'est le résultat qui compte. Malheureusement, nous restons sur notre faim.
Première chose et pas des moindres, la liberté prise sur l'histoire. Bien que le côté épistolaire soit gardé du roman original (avec le récit du capitaine/ Narrateur dans son journal intime) on réécrit l'histoire. Adieu Van Helsing et sa chasse au vampire, maintenant nous avons Clemens.
Autre chose qui nous sort rapidement du film, la temporalité accélérée. L'effet jour/ nuit passe à toute vitesse sans jamais prendre le temps de se poser. Qui plus est la redondance des scènes est à la fin agaçante : Dracula l Meurtre l Corps retrouvé l Explication l Crainte l Discussion de jour l Reprise du début.
L'atmosphère de tempête est assez bien reproduite mais finalement l'horreur est là sans l'être. Même Anna, qui n'est autre que "la poche de sang du comte" n'apporte pas la peur au spectateur qu'elle devrait dégager, pourtant elle le connaît, elle connaît son histoire, elle connaît le démon.
Le comte pour sa part... terrifiant dans la pénombre, banal en face à face. C'est un échec sur bien des aspects. Le côté psychologique est abandonné, la crainte invisible ne se fait que peu ressentir, etc.
L'idée était intéressante et aurait pu découler sur plusieurs films, chacun considérant une partie du livre mais arrêtons-nous là. Une nouvelle fois, cette réadaptation de l'histoire originelle ne pointe du doigt qu'une chose, le manque d'imagination des scénaristes. On ne sait plus faire d'histoire, on ne sait plus inventer, donc on prend une base populaire, que l'on va modeler avec sa touche personnelle, pour finalement... se manquer.