Dans le roman de Bram Stoker, le Demeter, c’est ce navire marchand qui amène à son insu le Comte Dracula sur les côtes anglaises. Un chapitre plutôt secondaire, entièrement raconté du point de vue du capitaine, qui assiste avec horreur au massacre progressif de son équipage. L’idée d’adapter ce segment en long-métrage est particulièrement pertinente, dans la mesure où les meilleures séries B tirent souvent leur force d’un concept simple et facilement résumable : ici, la promesse d’un huis clos en haute mer où des matelots se retrouvent coincés avec le plus terrifiant des vampires.
Après une introduction réussie, qui voit le film rendre hommage au classicisme élégant des productions de la Hammer, l’entreprise affiche hélas rapidement ses limites. S’étalant sur deux heures - là où une courte durée aurait sans doute maximisé la tension - Le Dernier Voyage du Demeter souffre d’abord d’un scénario laborieux et bavard, où les personnages enchaînent les comportements illogiques dans le seul but de retarder jusqu’à l’absurde la confrontation avec le monstre. Mal rythmée, l’intrigue s’attarde trop souvent sur des clichés du genre - le soleil comme point faible, la contamination par la morsure - comme si le public n’avait jamais vu de film de vampires !
On pourrait passer l’éponge sur cette prévisibilité si le réalisateur André Øvredal - déjà derrière le sympathique The Jane Doe Identity - se rattrapait au niveau de l’horreur. Malheureusement, on ne trouvera aucune originalité dans cette succession de mises à mort timides et peu sanglantes, qui se reposent systématiquement sur des jumpscares faciles. Pire encore, Dracula lui-même semble dévitalisé, traité comme une bête sauvage sans cervelle, quand bien même les dialogues ne cessent d’insister sur sa prétendue intelligence. Le dernier clou d’un cercueil qu’on préfèrera laisser reposer au fin fond de l’océan !
-Julien Del Percio
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