Ce film de guerre que j'ai revu il y a peu et dont j'avais oublié la trame, vaut vraiment le détour, j'en ai même honte de l'avoir autant oublié tellement c'est captivant. Les films de guerre en Afrique du Nord sont assez nombreux, et certains nous montrent des combats et une certaine âpreté, alors qu'ici, c'est une histoire prenante et touchante qui laisse la guerre en arrière-plan, il n'y a pas de grandes scènes de combats avec les chars de l'Afrika Korps, mais une tension de tous les instants, et c'est justement ce qui fait tout le sel de ce film.
C'est une sorte de huis-clos en plein air en forme de survival en territoire hostile, avec du suspense, mais c'est avant tout une aventure humaine, une odyssée quasi désespérée d'un petit groupe de militaires et d'infirmières britanniques qui tentent de rallier leurs lignes à Alexandrie à bord d'une vieille ambulance à travers le désert de Libye ponctué d'obstacles et de soldats allemands. Les caractères et les qualités humaines des personnages sont bien travaillés et bien définis.
Cette odyssée a d'étranges similitudes avec Un taxi pour Tobrouk qui sera réalisé par Denys de La Patellière 2 ans plus tard ; le décor est le même, le cadre du désert y est aussi important et donne tout son poids à l'intrigue car le désert met les personnages à l'épreuve, qui recueillent aussi un passager (ici un Sud-Africain à ce qu'ils croient, dans Un Taxi... c'est un nazi), ils subissent des épreuves diverses et roulent dans un véhicule militaire, l'un et l'autre évoquent la rencontre et le rapprochement de soldats ennemis, sauf qu'ici, la fin est beaucoup moins tragique, elle se termine par une étrange amitié et une bière glacée à Alexandrie qui donne son titre au film.
Parlons-en du titre : lors de sa distribution en France, Ice cold in Alex perd de sa saveur car cette bière glacée tant espérée, est traduite par le Désert de la peur, même si ce titre peut se comprendre, mais pour des Français, c'était un titre énigmatique, il fallait mettre le mot désert en valeur. Il ne faut cependant pas le confondre avec un western du même titre (Along the great divide) réalisé en 1951 par Raoul Walsh, qui fut retitré Une corde pour te pendre lors de sa resortie dans les années 60.
En plus d'une superbe photo en noir & blanc et de quelques séquences marquantes, le Désert de la peur bénéficie de bons acteurs : Harry Andrews, solide second rôle, trouve là un rôle bien plus important et étoffé, Anthony Quayle personnifie le soldat Sud-Africain dont on se méfie, Sylvia Syms, actrice peu connue est une infirmière courageuse et belle, tandis que John Mills livre une interprétation remarquable et parfois touchante. A cette époque, Jack Lee-Thompson réalisait de bons films anglais à budgets modérés, il deviendra célèbre en 1961 avec les Canons de Navarone aux intentions plus spectaculaires, ce n'est pas le cas ici, on est très loin de la superproduction, mais ça n'en reste pas moins un solide film de guerre, très méconnu qu'il faut absolument découvrir. Du coup, je monte ma note de 7 à 8.

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le 12 août 2019

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