Il est intéressant de remarquer que les auteurs les plus novateurs esthétiquement, ceux qui savent le mieux capter la beauté subtile de notre époque sont dans le même temps ceux qui semblent le plus emprunts d'un heritage artistique.
Je sais pas si je suis clair, mais il en va d'Antonioni comme de Tati ou Peckinpah.
Comme si on ne pouvait correctement évoluer qu'en intégrant, ils sont ainsi les chantres d'une transmission, plus que d'une rupture, et cela fait un bien fou, car plus que de déconstruire une image suranée, ils remettent de la crédibilité la ou elle fait cruellement défaut.
L'exemple le plus marquant est bien évidemment tous ces plans industriels, ou le charbon brille, ou l'acier froid reprend vie ( un peu comme Playtime ou Mon oncle )
Je ne me lancerai pas dans une critique poussée de ce film, qui est moins exigeant que les autres de la filmo d'Antonioni.
On y retrouve toute la puissance d'une Vitti angoissée au possible, on y retrouve le désarroi lié à l'absurdité de l'existence, on y retrouve l'incomprehension et l'incommuniquabilité humaine.
Tu te demandes quoi regarder, je me demande comment vivre, c'est la même chose.
Quand deux errances se retrouvent ( 1+1=1 ) c'est une errance encore plus grande qui en résulte.
Tout cela traité avec la singularité d'un artiste incorruptible vis à vis de son art.
Soit on adore, soit on abhorre, soit on s'endort.