Dans une ville portuaire du nord de l'Italie, une femme se sent délaissée par son mari, un industriel très occupé, la laissant seule avec son fils. Peu à peu, elle va se rapprocher d'un de ses collègues, qui semble aussi perdu qu'elle dans cette cité industrielle embrumée.
Comme je le dis souvent, ça ne me dérange pas qu'un film ne soit pas intelligible, ou qui ne laisse pas dompter, pourvu que je me laisse dompter par son atmosphère et Le désert rouge, premier long-métrage d'Antonioni tourné en couleurs, est de ceux-là.
L'histoire est d'une grande liberté, au point qu'elle forme un cercle, revenant au point de départ, mais je vois dans le visage de la sublime Monica Vitti, alors muse du réalisateur, le portrait d'une femme plongée dans une dépression. Le mot n'étant pas si fort, ou usité, à l'époque, on voit bien qu'elle souffre, y compris dans ses rapports avec cet homme, joué par Richard Harris, pour une raison qui sera explicitée. Et dont le traumatisme se réveillera lorsque son fils va jouer à avoir les jambes paralysées.
Avec l'image sublime de Carlo Di Palma, Antonioni montre un paysage de désolation, qui peut représenter de manière métaphorique l'esprit de cette femme, à l'image de la scène des stupéfiants, mais aussi l'arrivée de l'ère industrielle dans une Italie qui semble se chercher au mitan des années 1960. Car là, pas question de fantaisie, mais la réalité crue.
D'ailleurs, je connaissais davantage Monica Vitti pour ses comédies délurées de la décennie suivante, mais ici, elle m'a clairement impressionné dans la douleur qu'elle transporte.
Le film n'est pas évident à suivre, mais pour qu'on se laisse porter par les élucubrations de Vitti et Harris, le voyage en vaut la peine.