Voulant encore et toujours faire rire, Méliès offre, en 1900, un court-métrage qui commence à devenir long au regard de ses premières œuvres (2min contre une cinquantaine de secondes, quand même). Le déshabillage impossible montre un homme qui, souhaitant dormir, cherche à se déshabiller, malheureusement, de nouveaux vêtements n'ont de cesse d'apparaître. La technique de l'arrêt de la caméra est utilisée avec brio, les apparitions "gratuite" sont évidemment un ressort comique puissant à l'époque qui, aujourd'hui, semblent bien peu naturelles.
Cependant, Méliès avait prévu le coup et alors que l'homme échoue à pouvoir se coucher habiller (le lit disparait à son tour, provoquant le rire de la salle, on imagine) il recommence à enlever sa chemise, sous laquelle une autre est, puis une autre, est une autre. A chaque fois, à bout de souffle, énervé comme possédé, l'homme, un damné en sommes, jette furieusement ses vêtements au fur et à mesure. Cette fois, il n'y a plus d'apparition magiques mais une sorte de damnation éternelle, sous chaque chemise, il y en a une autre. Ici, l'effet est parfait et n'a pas vieilli du tout.
Derrière l'aspect comique de la scène, on peut même se demander si il n'y a pas un sous-entendu plus sombre, et plus glauque. Alors que le XIXème siècle s'achève, Méliès, ce génie-magicien est en voie de devenir un magicien-conteur.