Le Désir dans les tripes par Alligator
mars 2011:
Très proche en temps comme en thèmes de "Lorna", ce "Mudhoney" fraye sur le même chemin.
Grâce peut-être à plus de moyens financiers et sans doute aussi une plus grande notoriété, Russ Meyer semble avoir bénéficié d'un plus gros casting, plus fourni.
Quant aux filles, elles sont bien plus belles. Rena Horten surtout est superbe. Elle joue un personnage totalement à part, complètement en opposition avec tous les autres. Immaculée, toujours souriante, sourde et muette elle incarne la beauté pure, la nature généreuse. Son visage blanc laiteux, ses yeux bleus, sa chevelure blonde et son regard tendre paraissent lumineux, des flammes de vie, de joie et de plaisir : l'innocence festive, un ange sexué, un être idéal en somme.
Face à elle, les autres tous corrompus, cruels et violents, bouffés par le vice, noirci par la culpabilité, la bêtise ou l'échec, gangrenés par la morale ou la religion, dévastés par l'égoïsme et le cynisme le plus abject. Ils sont la pourriture quand elle est la grâce.
L'opposition est décrite sans grande nuance bien entendu, c'est du Meyer. Il est loin d'être un peintre pointilliste, travaille plutôt au rouleau.
La caricature peut amuser mais le cinéaste plombe comme toujours son film à cause de cette foutue incapacité à tenir son scénario et à maitriser son montage. Long, lourd, braillard, le film a tendance à déborder, comme le corps des femmes dans leur jupe ou leur chemisier.
Comme dans "Lorna", Russ Meyer appuie ses effets, scrute la violence entre les hommes ou contre les femmes et cherche à mettre en valeur les courbes de ses superbes créatures. Affreux, sales et méchants côtoient des filles bien plus généreuses que celles de Playboy.
La crasse salie la beauté : un thème excitant, pour qui rêve de défaire le chignon de la bourgeoise avec les dents, fantasme récurrent autant qu'assise érotique basique.