Elle vous crispe, vous fige, vrille votre cerveau, vous parasite, laboure votre échine et vous torture. La peur. Un seul remède : hurlez !
Dans ce film, la créature cachée dans la colonne vertébrale se nourrit de la frayeur de celui qui l’héberge. Elle est comme un parasite, une sorte de vampire ( mais ce n'est pas le sang qui la régénère sans cesse mais la peur ; une peur qui grossit et ne peut se canaliser que par le cri)
Intéressant d’illustrer ici l’expérience de la peur. La peur qui provoque le cri ! Nous sommes terrifiés généralement par une menace, quelle qu’elle soit ! La créativité du cinéma consiste à inventer des menaces, à jouer des peurs qui sont en nous (peur du noir, de la mort, de l’inconnu, qu’elles soient ou non conscientes. ) The Tingler ( titre original du film ) est une sorte de monstre à pattes et carapace qui donne une matérialisation plus précise à la peur, celle qui ne nait pas d’un péril externe mais qui est en nous. Autre aspect du film qui est plus « psychologique » que terrifiant, est l'idée de Castle à partir de la salle de cinéma de créer une sorte de mise en abyme immersive (l’écran devient noir et seule la voix du réalisateur engage les spectateurs à hurler pour se libérer de leur peur et donc de la créature du film !) Une invention à l’époque, le Percepto consistait en un procédé de sièges à vibrations qui faisait vibrer les sièges du spectateur afin de l’effrayer et de l’encourager à hurler. Un procédé qui évoque plus tard le Sensurround, un système de son immersif utilisé pour la première fois avec le film-catastrophe Tremblement de terre (il générait un "simulateur d’ondes sismiques artificielles" pour faire ressentir les phénomènes vibratoires afin de créer les mêmes sensations et d'immerger les spectateurs dans le séisme.)