Tout le monde cultivé se souvient du sympathique Panic sur Florida beach et de sa déclaration d’amour aux nanars d’horreur des années 50. Et bien, alors que je lisais innocemment le hors série de Mad Movies n°40 sur les inspirations des grands réalisateurs de genre de notre temps, je tombe sur l’interview de Stuart Gordon, qui nous ressort bien sûr un film bis que personne n’a jamais vu : The Tingler. Un film de flippe très attachant, et en plus diffusé à l’époque dans des salles de cinéma aménagées pour déclencher des mécanismes planqués dans les fauteuils pour accentuer les sursauts des spectateurs (comme dans le film de Dante). Du bis à l’état pur, donc…


Vraiment, le désosseur de cadavres (de titre original The Tingler) est un plaisir qui ne se refuse pas entre gens cultivés, tant le climat distrayant du genre « nanar d’horreur des années 50 » est ici sympathique. Dans le rôle du médecin légiste, nous avons droit à rien de moins que l’immense Vincent Price, qui endosse un rôle ambigu dans la première heure du film (on croit d’abord que c’est lui le méchant) avant de devenir la seule personne au courant de ce qui se passe à propos de la Peur. Car ici, les morts de peur ne sont pas dues à la constitution chétive des victimes. Certes, c’est spoiler que de révéler quelle est l’origine de ce phénomène, mais c’est en grande partie cela qui donne son charme au film. En effet, pour son étude, Vincent Price tente de provoquer l’évanouissement en filant la frousse de leur vie à des cobayes humains. Classique, dirons-nous, jusqu’à ce que l’on détecte une forme étrange dans les radios qui sont faites d’une personne ayant tourné de l’œil. Et il s’avère que le responsable de tous ces morts est le fameux Tingler, une sorte de mille patte géant qui se nourrit des peurs de ses victimes. Si le concept d’absorption de la peur est intéressant et justifie les nombreuses scènes de « terreur » du film, le coup du mille patte est juste hyper improbable. Et quand on voit le trucage à l’écran, on est juste mort de rire tant ce mille patte ressemble à un boudin en plastique avec des pattes que l’on anime avec des fils invisibles qui sont visibles. Et une fois qu’on est au courant de la menace, le film ne se gêne plus pour la montrer, faisant déambuler le monstre en latex dans la maison du légiste avant de la faire s’égarer en ville, et même dans un cinéma (prétexte probable pour faire à nouveau vibrer les sièges des spectateurs et leur filer la panique de leur vie). D’autant plus que les effets horrorifiques consistent essentiellement à filmer les cris des différents acteurs pendant que certains se débattent avec la figurine en plastique qui tente de les immobiliser avec ses fils de marionnette ! Je vanne, bien sûr, mais le climat de peur à l’ancienne, les bavardages longuet des acteurs, Vincent Price toujours au top et la beauté de certaines scènes (comme la baignoire de sang : sublime) font du Désosseur de cadavres un film bis attachant, qui a pris le coup de vieux nécessaire pour provoquer la nostalgie d’une époque et qui en donne à son public. Un divertissement coupable.

Voracinéphile
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le 15 déc. 2015

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