A voir impérativement en arabe, car la VF est assez navrante, mais les couleurs et l'image sont magnifiques. Elles rendent hommage à la bigarrure de l'Espagne mozarabe.
Le destin est le premier film de Youssef Chahine que je voie, et j'ai beaucoup apprécié. D'abord la reconstitution historique, avec ces cadrages élégants, ces décors de fontaines mozarabes, de mosquée, de caves éclairées à la bougie., de places cernées de remparts Ensuite le propos, brûlot humaniste montrant la perversité du fondamentalisme religieux et développant un hymne à l'usage de la raison et à la joie de vivre. La sensualité des chanteurs/danseurs/cueilleurs d'amourettes auprès de belles gitanes aux yeux profonds. Le jeu d'acteurs est bon, avec des visages marquants. Le scénario fait assez écrit, mais je ne suis pas insensible à ce côté un peu académique, qui était déjà un peu anachronique à la fin des années 1990. J'aimerais, en réalité, que le cinéma revienne à cette pureté dans la structure et la forme, sans chercher à capter à tout prix l'attention du spectateur par de l'esbroufe.
Ce film est remplit de chaleur et d'un amour brûlant. Je l'aime profondément.
Synopsis : une place forte en Espagne. On traîne un homme derrière un cheval avant de le brûler. C'est un traducteur d'Averroes, dont un disciple, Jposeph, s'enfuit jusqu'à Cordoue, pour retrouver le maître. Averroes converse avec le sultan Al-Mansûr, qui s'inquiète d'un de ses fils, qui ne pense qu'à danser et profiter de la vie. Jolie scène de flamenco. Duel dans l'école coranique pour savoir si Al-Mansur peut être critiqué ou non. Des religieux endoctrinent en secret des gamins qu'ils envoient tuer les "infidèles", comme le chanteur Marwan, grièvement blessé. Averroes doit les juger, mais refuse de les condamner, car il sait qu'ils sont manipulés. Le sultant se détache de lui et joue de plus en plus la carte des religieux. Des signes inquiétants arrivent : Averroes refuse d'abandonner son poste de juge ; un départ de feu se déclare dans sa maison. Le coupable est le fils du sultan, embrigadé, qui ne sait pas qu'il a engrossé une mignonne petite gitane.
Heureusement, Joseph avait mis les livres les plus importants à l'abri. Alors que le risque de fatwa s'accroît, ses amis organisent sans en aviser Averroes des copies de ses ouvrages. Marwan voit le visage du chef des illuminés, grâce à une lunette conçue par Averroes. Intrépide, il enlève le fils du sultan et frappe le chef des religieux au passage. Ils le retrouvent et le tuent. Le sultan reste sourd aux avertissements que les religieux veulent le renverser.
Joseph, arrivé en France, voit que les livres n'ont pas survécu au voyage : il retourne à Cordoue. Les ennemis arrivent, et le Sultan choisit de s'appuyer sur les religieux de Chiekh Riyad contre Averroes : les livres de celui-ci sont interdits. Heureusement l'autre fils du calife est parti à Alexandrie déposer un exemplaire des ouvrages du savant. Ce dernier attend sa mort avec stoïcisme. Les deux fils du sultan lui montrent son erreur. Averroes est épargné, mais ses livres sont brûlés. Cheick Riyad devra aller se battre en première ligne, ce qui le rend peu enthousiaste.