Polar chandlerien
Gordon Douglas signe un de ces polars des années 60, réaliste, sombre, trouble et très injustement méconnu, c'est une réussite qui échappe au produit de série. Le film appartient à la tradition du...
Par
le 12 mai 2019
13 j'aime
Gordon Douglas signe un de ces polars des années 60, réaliste, sombre, trouble et très injustement méconnu, c'est une réussite qui échappe au produit de série. Le film appartient à la tradition du genre, le style noir mais rhabillé selon les critères des sixties, avec de la psychologie certes, mais un peu de violence crue, un peu d'érotisme et des méthodes policières qui ne sont plus celles du temps où l'Amérique faisait rêver, c'est une Amérique moderne où les flics sont corrompus, brutaux et souvent vulnérables. De plus, l'enquête se déroule parmi les milieux homosexuels, or dans les anciens polars, on ne montrait pas ce genre de sexualité qui était considérée comme une déviance.
Le style est voisin d'une construction à la Chandler, proche du côté complexe des romans de Chandler, ce qui donne au film une crédibilité en s'écartant des 2 polars sur le personnage de Tony Rome incarné précédemment par Sinatra et signés aussi Gordon Douglas (Tony Rome est dangereux et la Femme en ciment), que je qualifie de "films Floridiens", où le héros affichait une coolitude propre à son époque, alors qu'ici, c'est un polar sérieux et réaliste, le héros se débat entre ses problèmes conjugaux, sa hiérarchie, la presse et le monde du crime peuplé autant de petits malfrats que de gros bonnets qui dissimulent leurs activités illégales sous des façades propres.
Ce polar ne se contente pas de suivre le déroulement de l'enquête, il va plus loin en s'interrogeant sur la société américaine en mutation, et sur la personnalité de son héros en proie au doute (il doit son avancement à la condamnation d'un suspect reconnu coupable mais sûrement innocent) et à la compromission ambiante. Bref, le scénario d'Abby Mann (excellent scénariste qui passera ensuite à la télévision sur des séries comme L'Homme de Fer et Kojak) rend ce film plein d'amertume, inquiétant et trouble, il y a déjà une sorte de désenchantement palpable qui sera amplifié dans les polars américains des années 70, et c'est sans doute l'un des meilleurs rôles de Sinatra, acteur que je n'aime pas, mais qui ici, est supportable par un réel jeu d'acteur, il est très bien secondé par un casting relevé avec Lee Remick, Jacqueline Bisset, Ralph Meeker, Jack Klugman, Lloyd Bochner, Tony Musante, Robert Duvall, William Windom, et même le boxeur Ray Sugar Robinson dans un petit rôle. Un polar à (re)découvrir.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes les Meilleurs films policiers (partie 2), Les meilleurs films avec Robert Duvall, Les meilleurs films d'enquête et Flics seventies
Créée
le 12 mai 2019
Critique lue 332 fois
13 j'aime
D'autres avis sur Le Détective
Gordon Douglas signe un de ces polars des années 60, réaliste, sombre, trouble et très injustement méconnu, c'est une réussite qui échappe au produit de série. Le film appartient à la tradition du...
Par
le 12 mai 2019
13 j'aime
Ne vous attendez pas à un nouveau privé à la Marlowe, The détective, négligemment traduit en Le détective, est un inspecteur de police. Précision rien moins que futile: la majeur partie du film...
Par
le 10 déc. 2020
10 j'aime
16
« Le détective » film policier crépusculaire clôt de belle manière le cycle des Tony Rome tournés par le duo. Le scénariste Abby Mann adapte un roman de Roderick Thorp (dont le roman Nothings lasts...
le 25 avr. 2016
2 j'aime
Du même critique
Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...
Par
le 6 avr. 2018
123 j'aime
98
Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...
Par
le 10 juin 2016
98 j'aime
59
On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...
Par
le 5 déc. 2016
96 j'aime
45