Quand je m'assoie dans le siège, je me dis, c'est bon, quand on va voir un film de Dupieux, on sait que ça va partir dans tous les sens.
On est habitué à cette bizarrerie, à son style.
Et puis finalement, me voilà scotchée ; on s'attend jamais à ce que ça parte autant en vrille. Le haut devient le bas, la droite la gauche, la fiction la réalité, la réalité la fiction. Quels sens ! Par où commencer, par quoi finir ?
Que j'aime me faire excursionner par ce réalisateur, on va partout et nulle part à la fois. Un beau nulle part, agréable, qui détend, c'est intelligent, et bizarrement divertissant. Pas intellectuel, on nous prends pas pour ce qu'on est pas ; je veux dire qu'en tant que spectateurs et spectatrices on ne se sens pas mis à l'écart.
C'est ça pour moi qui fait la richesse de ce film, sa générosité. Il est humain. Juste humain, avec ses émotions, ses peurs, ses qualités, sa bêtise et bien sûr ses contradictions. Et on en rit.
Ce n'est pas le seul film à transmettre cela, et c'est subjectif, sûrement.
Mais on ne peut pas nier que Quentin Dupieux réalise alors une mise en abime très fine, un peu comme avec Yannick, une mise en abime en plus et en dehors de celles du synopsis lui même. On est directement inclus dans le tableau, et j'ai (encore) eu cette admirable sensation de faire partie de l'expérience.
J'espère que les personnes ayant vu le film comprendront ce dont à quoi je fait allusion.
J'ai moins savouré la deuxième moitié du film (d'où la note de 9 et pas 10) où l'effet de surprise est un peu passé, et on sent qu'on veut le garder encore un peu alors on allonge l'embuscade. Je n'ai pas un avis très tranché, mais peut-être qu'on aurait pu se contenter d'un peu moins, se laisser flotter doucement sur le chemin où on nous emmenait plutôt qu'à tout prix nous faire bifurquer. Mais peut-être que sans ça on perdrait l'intérêt du film... Dur dur.
Ce dont je suis convaincue, c'est que c'est un moment hors du commun, avec des acteurs exceptionnels (alors que j'ai souvent du mal avec l'acting français), on voit qu'ils ont profité au film de par leur personne et leur talent (difficile de ne pas procurer de la bonne humeur dans un film quand on est Raphaël Quenard). C'est ce qui fait que c'est, pour mon petit avis, du grand cinéma. J'en suis ressortie avec le sourire, et une petite graine dans ma tête qui peut être va germer bientôt. Ou pas, et je serais juste contente d'être allée au cinéma ce soir là. Merci le cerveau de Quentin Dupieux. Et Dieu.