Le script, de type métacinéma, donne l'impression d'un travail fait à la va-vite, pas assez réfléchi ; et le film celle d'une oeuvre qui ne tiendrait que grâce à ses acteurs (lesquels sont des pointures).
Louis Garrel et Raphaël Quenard sont souvent très bons (surtout dans leur longue scène du début, la mieux venue de l'ensemble, la plus naturelle). Léa Seydoux est égale à elle-même et pas particulièrement gâtée par le texte de Dupieux (à supposer que le scénario soit complètement écrit et ne laisse aucune part à l'improvisation). Vincent Lindon n'est pas très à l'aise dans son rôle (la plupart du temps, invraisemblable), mais s'en tire quand même, parce qu'il a du métier. Et Manuel Guillot est le moins convaincant des cinq ; il a un rôle limité (et d'ailleurs outrageusement forcé), bien qu'il ouvre et ferme le film. La longue scène post-tournage entre Lindon et Quenard est abracadabro-caricaturale, hurlante de fausseté ; c'est de l'humour, bien sûr, mais qui ridiculise cruellement les couples homosexuels... qui s'assortissent comme ils peuvent. Son pendant, entre Léa Seydoux et Garel, est moins caricatural, mais assez creux, "marivaudant". Enfin l'interminable panoramique qui clôt l'opus est particulièrement ésotérique, peut-être en forme de pied-de-nez (genre le cinéma c'est un art du vide, alors...).
Malgré son apparence faussement bâclée, le scénario de Dupieux, surtout si les acteurs respectent un texte strictement écrit, est quand même assez brillant et fort.
On y trouve un certain nombre de propos (ou notations) intéressants, de la dérision, une démystification (pas si neuve) de la "magie du cinéma". On est en plein tournage d'un film, tantôt dans le film lui-même, tantôt dans le "making of", dans les à-côtés, les coulisses, l'analyse des mécanismes de sa création. On finit par s'y perdre et c'est sûrement un peu le but recherché par le réalisateur : quand on fait un métier qui crée de la fiction, on en vient à ne plus discerner la frontière entre fiction et réalité.
Le deuxième acte c'est donc une réflexion sur le cinéma et son contexte actuel, une vision satirique appuyée de ce milieu, ainsi que des moeurs d'aujourd'hui.
Le film est court (unité de lieu : un restaurant "Le deuxième acte", unité de temps : une journée de tournage, unité de sujet : le cinéma, la production et réalisation de films), à la fois léger, pointu, sous-tendu d'amertume (exprimée, par exemple, dans le fait que l'opus en cours de tournage dans Le deuxième acte n'est plus piloté par un réalisateur/producteur humain mais par un programme d'I.A.) et néanmoins relativement oubliable.
En tout cas, bien que le film soit meilleur qu'il n'y paraît d'abord, je suis un peu resté sur ma faim. "7" quand même.