L'hystérie zulawskienne est à double tranchant. Dans un premier temps, elle est opérative. Le film s'ouvre sur une scène de massacre, où des âmes damnées se tortillent et s'adonnent à un sabbat non célébré, obstruant le champ de la caméra. Le personnage que l'on suit jusque-là arrache la croix d'une nonne, libérant tous les vices auxquels assisteront le spectateur.
Puis rapidement, l'artifice s'essouffle. Tout est tellement outrancier que plus rien n'a réellement d'impact. Jacob est poussé à la démence, et commet les pires atrocités, mais trop rarement la mise en scène les met en valeur. Il en est de même pour l'intrigue, qui pourtant simple, devient difficile à suivre tant tout va trop vite. Dommage car cette cruauté n'est pas gratuite et sert une idée. Le personnage de la jeune vierge, notamment, est très bien traité, particulièrement lorsqu'elle retire sa coiffe, dévoilant avec ses cheveux des charmes qu'elle ne contrôle pas. On tente de préserver sa pureté malgré toutes les horreurs qui l'entourent, comme un garde-fou qui, une fois souillé, marquerait l'abandon de toute possibilité de rédemption. Une chose que la fin du film refuse, avec un twist prévisible mais signifiant dans la manière dont il est traité, apportant un contrepied optimiste, là où il aurait pourtant été facile à son réalisateur de se contenter de la fange dans laquelle il nous faisait patauger jusque-là.