Tout le film, je n’ai pas pu m’arrêter de penser au Cœur de Verre de Herzog. Les costumes et la photographie oui, mais aussi le jeu des acteurs à demi-conscients, possédés ou marionnettisés. A ceci près qu’ici Zulawski met admirablement bien en scène la violence, le péché capital, l’immoralité, le vice que l’on peut trouver en l’homme. Le Diable est une plongée dans un imaginaire apocalyptique et dévasté, premier élément au service d’une photographie sublimement lugubre. Ses magnifiques plans séquences sont au service d’une histoire démoniaque, dans laquelle le Diable prend forme humaine pour corrompre le cœur d’un soldat exsangue. Le film est alors une succession de pérégrinations mystiques sexuelles et mortifères, qui jalonnent le parcours chaotique de Jakub, le soldat. Pour autant, le film n’épouse aucun pragmatisme narratif, et se cantonne à dresser ces tableaux visqueux du vice humain, sans articulation ou développement de propos identifiable. Zulawski se borne à filmer avec brio le Mal dans son état le plus pur. Reste une déambulation visuellement saisissante aux confins de la folie.