Cette bizarrerie tout droit sortie des folies tumultueuses des années 70 (bien que sortie en 1980) rate de peu le coche du film culte, même s'il jouit d'un statut particulier aux États-Unis. Il aurait fallu limiter la sensation de fourre-tout permanent : un vétéran du Vietnam pourchassé par la police pour des raisons inconnues tombe par hasard sur un plateau de tournage en pleine fuite et devient cascadeur à la place du cascadeur (mystérieusement mort dans une cascade) dans le film dans le film réalisé par Peter O'Toole dans un rôle inspiré de David Lean. Un film de guerre tant qu'à y être. Le néo-cascadeur prend goût à son nouveau métier, les flics tournent autour mais ne reconnaissent pas celui qu'ils recherchent (le réalisateur y voit une opportunité de dissimuler temporairement la mort de l'ancien cascadeur), et les risques pris lors des scènes d'action deviennent de plus en plus importants. Tout ça est bien lourd à digérer.
Et puis surtout il faut bien dire que Steve Railsback dans le rôle principal, avec son charisme inexistant, constitue un vrai obstacle à l'appréciation — et ce d'autant plus qu'il y a une love story avec l'actrice principale, Barbara Hershey. "The Stunt Man" cultive en outre une sorte d'humour décalé qui lui confère une dimension de semi-comédie pas très gracieuse, hormis peut-être lors des scènes de cascade à proprement parler qui donne au film une dimension très légèrement documentaire sur l'envers du décor lors d'un tournage. Peter O'Toole, dans le rôle du réalisateur démiurge excentrique qui débarque sans arrêt dans le champ sur son fauteuil suspendu à une grue, en fait aussi un peu trop dans le registre de celui qui veut tout contrôler. Au final la comédie s'étire un peu exagérément même si elle essaie tant bien que mal d'équilibrer la dynamique entre scènes d'action et moments détendus. Il aurait été préférable de davantage travailler le côté paranoïaque de l'action, très imparfait en l'état notamment au niveau de la frontière entre tournage et réalité (dans le film).