Noblesse oblige
Un château en mal de rénovation perdu au milieu de L'Ain, les habitants essaient péniblement de s'en sortir en ouvrant leurs chambres à des clients hypothétiques, mais on dirait que c'est pas encore...
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le 28 mai 2012
25 j'aime
5
Critique remaniée le 13 novembre 2021
La bourse devient plate et les espèces sonnantes et trébuchantes se font rares dans une famille de nobles habitant un château du dix-septième siècle à la toiture en voie de délabrement.
Ceux-ci aimeraient sortir de cette angoissante situation et surtout éviter de vendre ce patrimoine familial. Le marquis n'étant pas des plus aptes à se mettre au travail, c'est donc la douairière aidée de sa fille Diane, de sa petite fille Amélie et d'une cousine qui décide de faire de ce lieu historique un hôtel de charme. Malheureusement le prix des séjours est tellement élevé par rapport à la prestation que l'initiative tourne au fiasco complet.
C'est alors qu'Amélie va débloquer cette situation critique avec la complicité de Charlie, un jeune garagiste d'un village voisin. Ainsi elle propose au jeune homme d'être très tendre avec lui si celui-ci accepte de "découvrir" des pannes aux voitures de ses clients de passage et de leur indiquer le château pour un séjour... forcé.
C'est alors que les personnages les plus divers vont converger vers ce refuge dont César Maricorne, un gangster en cavale, sans cesse accompagné de sa mallette. Lorsque les intendantes du château vont en découvrir le contenu, elles vont essayer de supprimer ce client embarrassant afin de pouvoir, avec son butin, refaire la toiture. Malheureusement pour elles, toutes les tentatives échouent misérablement. C'est alors qu'à la surprise de tous, le gangster se souvient avoir été cuisinier. A partir de ce moment, il n'est plus question de laisser partir César, le sauveur...
Il est remarquable de savourer le talent de Philippe de Broca qui, d'une histoire toute simple, nous tisse une comédie échevelée dans laquelle se mêlent allègrement humour, poésie et souvent immoralité. En effet il est clair que le stratagème mis en place par Amélie et Charlie va être couronné de succès.
A partir de là, le réalisateur nous fait défiler une galerie de personnages allant du plus loufoque au plus prétentieux, du plus philosophe au plus escroc et ceux-ci menés par le bout du nez par quatre femmes délicieusement fines mouches, le maître des lieux étant trop fataliste et son seul travail étant de mettre des bouteilles sous les trous de la toiture afin que l'eau de pluie tombe à l'intérieur...Le plus étonnant est que ces personnages tous plus différents les uns que les autres vont finir par se lier d'amitié et toute cette petite communauté formera un univers de convivialité dans ce lieu au départ sévère et délabré.
Puis l'arrivée de César, personnage énigmatique et gangster séduisant, va plonger l'assistance dans des sentiments de séduction , de méfiance puis de malhonnêteté. Les quatre femmes vont tout tenter pour plumer un César hâbleur et malin, sachant manier le geste et la parole. Reste à savoir si ce "panachage" assez particulier sera de taille pour sauver ce vieux château-hôtel? C'est grâce à une foule d'aventures à rebondissements que vous en aurez le résultat.
Pour cette réalisation, Philippe de Broca nous enchante. Il y a toujours ce fond de gaieté, d'insouciance et d'insolence qui fait de ses films des comédies fort distrayantes mais aussi sarcastiques. Il y a, pour en arriver là, un Yves Montand omniprésent, remuant, démonstratif. Bien sûr il en rajoute, cabotine un tantinet mais tant mieux car cela donne de la vigueur et du rythme à cette comédie. Ses partenaires sont véritablement à la hauteur du sujet, voyez plutôt: Marthe Keller, la malicieuse, Maria Schell, la romantique, Madeleine Renaud, la marquise tenace ou Claude Piéplu, formidable dans son rôle de poète philosophe. Lorsque l'on aura cité également Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Pierre Tornade ou Jacques Balutin, le tour du propriétaire sera à peu près fait et celui-ci peut être fier de faire défiler pour notre plus grand plaisir de tels acteurs jouant la comédie avec un talent et un enthousiasme débordant. Cet excellent film est de plus agrémenté d'une délicieuse musique signée du grand Georges Delerue.
En bref, dans ce film trop méconnu à mon goût de Philippe de Broca, tous les ingrédients se trouvent réunis pour que le spectateur puisse passer un moment de rêve et de bonheur complet au milieu de cette loufoquerie ambiante. Ne vous privez donc pas de ce charmant spectacle et sautez dans la salle qui vous le projette, car elles sont malheureusement bien rares.
Box-office France: 1 620 703 entrées
Ma note: 8/10
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Créée
le 11 mai 2013
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