Noblesse oblige
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Grosse déception face à cette comédie pourtant réputée, réalisée par Philippe de Broca dans sa meilleure période, et bénéficiant d'une distribution impressionnante.
On sait que les codes de l'humour et de l'impertinence évoluent très rapidement : de Broca et sa petite troupe ont beau se croire très irrévérencieux, avec mon regard actuel je les trouve surtout coincés voire ringards, leurs efforts pour paraître drôles et désinvoltes dégageant quelque chose de lourd et laborieux.
Le réalisateur s'essaie successivement à la satire sociale (des aristos désargentés, un vieil intellectuel lénifiant, des gangsters pas futés...), au cynisme (les aristos sont prêts à tuer pour détrousser leurs clients - sauf que "L'auberge rouge" est sortie 20 ans plus tôt), à la gaudriole (les femmes sont presque toutes libidineuses)... On dit des gros mots, on montre sa petite culotte...
Cette désinvolture surjouée m'a laissé une impression de malaise.
De manière générale, on sent que la libération sexuelle travaille la société française en cette année 1969, au point de complètement vampiriser "Le diable par la queue" - à commencer par ce titre rendu graveleux par un dialogue du film. Sauf que cette libération sexuelle à la mode de Broca apparaît encore brouillonne et mal assumée (d'ailleurs le film se garde bien de montrer la moindre nudité).
Je conçois bien que la perception à l'époque était différente, mais un demi-siècle plus tard cette pseudo-audace apparaît bien sage...
J'ai surtout souffert dans la première moitié du film, lorsque j'ai compris que la séance serait sans doute interminable, avec des tentatives humoristiques qui me laissaient systématiquement de marbre, un jeu très théâtral de la part des comédiens, un rythme poussif et une unité de lieu qui risquait d'accentuer l'ennui.
Toutefois, je reconnais que "Le diable par la queue" finit par trouver une certaine vitesse de croisière, au point que la seconde moitié passe un peu mieux : on s'attache à certains personnages (Jean-Pierre Marielle, Clotilde Joano...), le décor diffuse un charme bucolique, et le casting féminin ne manque pas d'attraits, avec notamment les deux germanophones Maria Schell et Marthe Keller (qui deviendra la compagne du réalisateur, dont elle aura un fils).
Au final, cette comédie ne m'aura jamais vraiment amusé : l'humour de Broca a quelque chose de très enfantin (avec des gags visuels un peu navrants) qui m'a laissé froid, d'autant que sa direction d'acteur m'a semblé approximative.
Enfin, les dialogues de Daniel Boulanger apparaissent très inégaux, et le casting si prometteur se révèle plutôt décevant, à l'image d'un Yves Montand cabot et d'un Jean Rochefort assez transparent.
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le 31 mai 2021
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