Le cul entre deux Chanel

Je n'ai jamais lu le livre, je ne le lirais sûrement jamais, mais je peux d'ores et déjà déclarer que le film n'est pas terrible. Non pas à cause des actrices et acteurs, qui sont pour le moins très bons, mais plutôt à cause des idées véhiculées par le scénario... ainsi qu'à cause du rythme.

Tout d'abord le rythme : très bien calibré dans sa forme, comme tout film américain vénal, on notera cependant la difficulté du réalisateur à définir s'il veut faire une comédie ou un drame, le mix des deux n'étant pas très homogène. La narration s'en trouve empêtrée, le cul entre la chaise de la comédie anglaise dynamique et le tabouret de la comédie romantique nunucho-ricaine : Le résultat ne rend pas l'histoire très attractive.

Deuxièmement, on ne sait plus trop si le film essaye de dénoncer la superficialité de la mode ou en fait la promotion, tant la morale y est ambiguë... Et creuse. Cette recherche permanente et égoïste de l'artifice, ce professionnalisme du néant, cette course à l'apparence et à l'anorexie morbide... Tout ces côtés puants de la mode auraient mérité un traitement plus dur, alors qu'ils semblent même être justifiés : "soumettez-vous, au final c'est comme ça et pas autrement, il en faut du courage et de la poigne pour être un enculé".

Meryl Streep en femme "diabolique" est très juste, dommage que sa "cruauté" soit si soft et redondante. Sans parler des exigences du personnage trop invraisemblables pour être crédibles (le coup du dernier Harry Potter...). Ou alors il aurait fallu accentuer ces éléments à l'extrême. Anne Hathaway s'en sort très bien aussi, elle parvient à être attachante (son sourire aidant) tout en finesse. Mais il est navrant que son personnage ne soit pas toujours bien défini.

J'ai eu l'impression globale d'une grande publicité pour les marques de luxe : Chanel, Dolce & Gabana, Banana Republic, Hermès... Niveau placement de produit, personne ne semble oublié. Ah si Prada ! En fait non, c'est dans le titre...

Une comédie un peu fadasse qui me fait vous conseiller Crimen Ferpecto de Alex de la Iglesía. Ça c'est cadeau.