Alors qu’il est présenté comme une comédie satirique et acide sur les milieux de la haute couture, ce film se veut avant tout une démonstration un peu poussive sur l’ambition humaine, de celle qui vous fait acérer les griffes et perdre l’intégrité. Déjà la trame est simpliste.
Pour arguer cet exercice le choix scénaristique repose sur deux personnages. L’une à son zénith tendant à la déchéance, Miranda, célèbre rédac en chef d’une revue de mode, l’autre fraîchement sortie de l’école qui mettra en berne principes et scrupules au profit d’une ascension fulgurante. Le contexte de la mode n’étant qu’une toile de fond, l’action aurait pu se situer aussi bien dans l’univers politique ou celui des affaires.
Si techniquement parlant la mise en scène de David Frankel s’avère plutôt inspirée et rythmée, il en est tout autre quand il s’agit d’approfondir son sujet.
L’aura de Miranda est parfaitement dépeinte jusque dans ses contradictions. Le trait aurait pu être forcé, plus de vacheries, de tics… Mais l’on aurait sombré dans la caricature. Ce que l’on évite. Le caractère est trempé, juste ce qu’il faut et nuancé par ses fêlures. Il faut avouer que cette réussite tient à l’impressionnante prestation de Meryl Streep en diva du business.
Le personnage d’Andrea est plus critique et nettement moins cerné. Anne Hattaway, excellente dans Brokeback Mountain, se débat comme elle peut avec un rôle qui ne sort pas des conventions et sombre parfois dans la niaiserie.
Mais si l’on ne porte à ce film qu’une dimension de divertissement pur et dur, on prend un certain plaisir à le regarder. D’autant plus que les deux actrices sont secondées à merveille par un trio de seconds rôles charmants. Stanley Tucci subtil en attaché de presse un peu précieux, Adrian Grenier découvert dans Havard Story s’impose en beau ténébreux et Emily Blunt se révèle être une découverte avenante.