Le Dîner de cons est d'abord une pièce de théâtre de Francis Veber, qui en a signé également l'adaptation au cinéma. Dans les deux cas, Jacques Villeret intervient dans le rôle du "con" et répond au nom de François Pignon, ce personnage lunaire et légèrement stupide traversant la filmographie de Veber, de L'Emmerdeur (avec Jacques Brel) à La Chèvre en passant par ce Dîner de cons.
Sorti en 1998, il a cumulé plus de neuf millions d'entrées, le meilleur score au box-office cette année-là derrière Titanic, concurrent redoutable puisqu'il s'agissait jusqu'en 2010 du film le plus vu en salles dans l'Hexagone. De nombreuses diffusions télé ont consacré ce film culte, avec souvent des audiences faramineuses, c'est-à-dire à deux chiffres. Et c'est mérité ; d'abord, le principe est odieux et génial, avec cette bande d'amis (fortunés) recrutant des cons (peut-être un peu trop dans le même registre) pour leurs dîners spéciaux du mercredi, où ils les laissent raconter leurs vies et leurs lubies.
Ensuite, Le Dîner de cons hisse très haut le vaudeville. Le film ne recherche jamais autre chose que la pure comédie (même pas de message moral ou de petite leçon bienveillante comme Veber peut les aimer, ni cette sensiblerie) et il y parvient grâce à la qualité de son écriture. Les démonstrations de l'idiotie de Pignon sont parfois inouies, dépassant ce qu'on pouvait en attendre, autant dans les exploits que dans les réactions, les petits traits psychologiques signant le crétin absolu. Le mérite en revient aussi à Jacques Villeret, souvent inscrit dans ce genre de rôle, ici à son meilleur. Les autres acteurs sont également en roue-libre : Catherine Frot, restée en-dehors de son personnage, Francis Huster, convaincant, Thierry Lhermitte, parfait arroseur arrosé et surtout Daniel Prévost, à la croisée des deux héros, simultanément beauf pittoresque et enfoiré de première classe.
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