Henri Decoin réalise la version française de cette production allemande d'Alfred Greven, futur patron de la Continental-films pendant l'Occupation, qui produira quantité de films, et pas que des mauvais (et, pour l'anecdote, le générique du "Domino vert", tourné en 1935, évoque une "collaboration française"!)
Le sujet du film est un mélodrame bourgeois dont Danielle Darieux est la vedette "double", incarnant, sur deux époques, les rôles d'une mère et de sa fille. A l'heure de se marier, l'orpheline Marianne apprend le terrible secret de sa conception et la scandaleuse histoire de ses parents qu'on lui a toujours cachée. Rien de sensationnel en fait, et le flashback qu'Henri Decoin met en scène ne fait que dévoiler la liaison entre un
bourgeois marié et une jeune femme destinée à être fille-mère
contre les usages et les moeurs de l'époque.
Commun et tissé de fil blanc, ce mélo des familles (dont la conclusion rappellera Valjean, Cosette et Marius!) n'a pour lui que le visage radieux de Danielle Darrieux. Charles Vanel tient ici un rôle aussi secondaire qu'anecdotique, tandis que Maurice Escande joue les amants tourmentés dans un style hors d'âge; l'interprétation, pas plus que la direction d'acteurs, n'étant précisément le point fort du film. La mise en scène non plus en définitive, dont l'absence d'originalité et les pesanteurs dramatiques soulignent et accentuent le caractère suranné du sujet.