1978, grande année comme chacun sait, et pourtant, le cinéma français fait pâle figure. Les grands succès de l'année sont signés, Molinaro, Zidi, Leconte, Oury, Pierre Richard, Lang (Michel, pas Fritz), Clair (Philippe, pas René), et le pire est à venir. Poursuivant sa lente déchéance commencée en 1959, le cinéma Français accumule acteurs sans talent, photographie immonde et histoires ineptes avec un enthousiasme qui perdure encore aujourd'hui.
Au milieu de ce fatras, Dossier 51 paye sa dette : acteurs passables, parfois mauvais et image dégueu. Mais en adaptant un roman d'espionnage dont l'originalité tenait à sa présentation sous forme de dossier, le film cache ces défauts derrière sa forme.
Présenté comme une suite de rapports froids et techniques, de conférences, d'enregistrements sonores, de photographies, Dossier 51 raconte, sans héros, et souvent en caméra subjective, comment un service de renseignement enquête sur un diplomate afin d'y trouver la faille qui permettra, peut-être, de l'utiliser en leur faveur.
Puzzle multiforme particulièrement passionnant, le film nous montre l'univers de l'espionnage sous son aspect le plus réaliste et le moins romantique. De savoureuses touches d'un humour de rond-de-cuir viennent agréablement pimenter l'ensemble.
L'utilisation du service de psychiatrie donne lieu à des moments particulièrement effrayants dans leur réalisme. Roger Planchon, en Esculape chef du dit service, fait froid dans le dos.
A noter que Patrick Chesnais, jeune, porte déjà la moustache.
Si on rajoute qu'après les conseils avisés de l'Oncle Paul c'est sous l'insistance et grâce à la générosité de la très remerciée 2432X que j'ai pu découvrir cette belle surprise, c'est à se demander si je ne vais pas accepter bientôt de regarder Dogville, moi !