Le faux du vrai
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le 16 nov. 2024
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Dans un polar tendu et poisseux, Fabrice de Welz signe avec Le Dossier Maldoror une œuvre ambitieuse et inégale dans ses récits, travaillée par le trauma de l’affaire Dutroux et filmant la traque obsessionnelle d’un gendarme.
Le Dossier Maldoror est d’abord un film de climat et de géographie restituant un paysage froid, trouble et peu séduisant : celui des traces traumatiques d’une affaire aux ramifications complexes survenue dans la Belgique des années 1990 (celle de Marc Dutroux) et les imbroglios des services de police et de gendarmerie, en mal d’assurer la surveillance d’un criminel récidiviste (Sergi Lopez, adipeux et veule à souhait).
Par ce réalisme social pointant, dans une dramaturgie rendue nébuleuse, l’impuissance de la gendarmerie et les maladresses entre services, Le Dossier Maldoror fait songer à la très belle série Sambre de Jean-Xavier de Lestrade.
Toutefois, Fabrice de Welz, réalisateur audacieux du radical et remarquable Allelulia, ne tient pas à s’autoborner dans cette réalité glauque du film social et noir. Prenant le parti de suivre les déchirements impulsifs de son personnage principal (le gendarme Chartier joué par Anthony Bajon) et la traque rauque — digne des bayous de True Detective — dans laquelle il plonge, le film se décale aussi, rompt avec lui-même et lorgne alors plutôt vers Le Parrain lorsqu’il entreprend de filmer les scènes familiales de mariage de Chartier avec sa future femme italienne. Dans ces plans plus fluides, amples et limpides, le Dossier Maldoror prend la tangente au sein de cette communauté d’immigrés italiens avec des accents romanesques, ce qui lui vaut sa densité mais sans doute aussi sa fragilité.
L’enquête, portée par Bajon et son acolyte Alexis Manenti (toujours juste), aurait exigé une rigueur de traitement, une sécheresse ou une étrangeté plus avérée, qui était présente dans les précédents opus de De Welz, mais semble ici atténuée ou simplement décroissante. Le chant des nerfs du héros se mue progressivement en celui des passions romantiques.
L’interprétation d’Anthony Bajon, trop sanguin, souffre de ne pas être simplement assez rêche (à la manière de Guillaume Canet dans La Prochaine fois je viserai le cœur) ou carrément plus habitée et charismatique (l’inversion de rôles avec Manenti eût été intéressante). Ici, on attend les scènes avec Laurent Lucas, habitué du cinéma du réalisateur, amenant avec lui cette présence magnétique indiscutable, mélange de froideur fascinante et de possible perversion séduisante.
Il n’en reste pas moins que ce Dossier Maldoror creuse, dans la filmographie de De Welz, une ligne forte, sinueuse et inquiétante, grave et impavide où le cinéaste ne nous laisse pas indemnes. Il rejoint le souffle abrupt et le lyrisme sauvage des Chants de Maldoror (titre du roman du Comte de Lautréamont), avec ses questionnements sur la nature du Mal, l’énergie de la violence, la laideur et la monstruosité nervurées au cœur de l’homme.
Pour lire plus c'est par ici: https://www.lemagducine.fr/cinema/critiques-films/dossier-maldoror-fabrice-de-welz-critique-film-10073427/
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il y a 22 heures
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