Mauvais et presque moralement condamnable

Le Dossier Malodoror met en scène Paul Chartier, jeune gendarme Carolo, incarné par Anthony Bajon, plongé dans un scandale pédocriminel, que lui seul semble vouloir élucider, contre un système judiciaire et policier complètement à la ramasse. Ce film est bien sûr, très ouvertement, inspiré de l'affaire Dutroux ayant touché la Belgique dans les années nonantes (une fois), et le réalisateur a pour objectif explicite de réouvrir ce dossier qu'il pense avoir été effleuré par la justice à l'époque.

Ne vous méprenez pas cependant, Fabrice Du Welz n'avait aucune intention de se plonger dans cette affaire vertigineuse, mais bien de réaliser un thriller belgo-américanisé sur le thème déchainant les passions par excellence, c'est à dire la pédocriminalité, qui plus est, en dehors des sphères familiales.

Alors voila, tout y est, des personnages totalement caricaturaux, presque cartoonesques (qui peuvent créer des situations drôles, mais qui ne sauvent pas un vingtième du film), des situations d'extases et d'idylle, incarnées par les scènes de mariages ou de couples du début du film interrompues par des scènes d'une intensité dramatiques infinies, tout cela heureusement bien indiqué par les musiques et autres effets sonores subtiles.

Nous sommes donc globalement focalisé, durant la majorité du film, sur le personnage de Paul Chartier, dont on se fou de l'histoire d'amour, dont le passif personnel est bidon à souhait, et qui est censé nous faire éprouver, pendant 2h30, ce que ça fait d'être seul à combattre le mal. Nous sommes donc en présence d'un personnage creux en surjeu constant, à la limite du nanardesque par moment, censé nous emporter dans ces noeuds infinis et obscures que seul lui tente de démêler.

Les autres scènes du film, outre les scènes se concentrant sur la femme de Chartier et sa famille, se focalisent, bien sûr, sur les principaux mis en cause: Marcel De Dieu, sa femme, et toutes les ordures gravitant autour de ces pédocriminels, avec à la fin du film, l'apparition d'un nouveau partenaire du crime, qui augure la présence probable d'un réseau plus étendu qu'un simple individu isolé, comme l'insinue également le réalisateur vis à vis de l'affaire Dutroux.

Sauf que la, ce qui n'était qu'un énième thriller franco-américain, vient titiller mon sens moral en s'attaquant à l'affaire Dutroux avec autant de médiocrité. Ces criminels et leurs alliés sont bien sûr à l'image des autres personnages développés plus haut, mais eux, n'ont plus aucun garde-fou caricaturaux, parce que pourquoi se priver quand on a affaire au mal en personne ?

Le paroxysme de l'indécence est atteint à la fin du film, avec le début de la scène de viol dans la voiture. Le film ose aller se vautrer aussi loin dans le ridicule, en effleurant l'immontrable, sauf que la, le sujet porte cela au dessus du ridicule.

Le film ne rend donc pas du tout hommage aux victimes de ces atrocités, ne tente même pas de nous embarqué dans une réelle enquête vertigineuse et probablement captivante, mais tente uniquement de se positionner du côté du bien contre le mal, à travers le personnage incarné par Antony Bajon, ce qui le rend, encore une fois, au minimum ridicule, et vu l'intensité du sujet traité, probablement indécent.