Comme à chaque Étrange Festival, je prends un pass avec une sélection de films aléatoire. Je choisis des courts-métrages, des films en compétition, des rétrospectives, des avant-premières. Je varie les plaisirs offerts pas cet événement. En ce dimanche 15 septembre 2024, jour de clôture, voilà ma dernière séance. Je savais juste qu'il s'agissait d'une avant-première, d'un film sur une histoire de disparition d'enfant.

Mais je n'ai pas été assez vigilant. Ma nonchalance a failli causer ma perte. J'aurai dû me renseigner davantage sur ce film. Les lumières s'éteignent, la séance commence, un générique survient. Et là, apparait un nom. Un nom qui n'évoque en moi qu'effroi, dégoût et répulsion. Un nom d'un réalisateur que je n'évoquerais pas ici de peur de faire ressurgir une terreur qui me hantera jusqu'à la fin de mes jours.

Le film démarre et me voilà saisi par l'effroi. Toutes les particules de mon corps se figent à cause de l'épouvantable spectacle qui se déroule devant mes yeux. La laideur et l'ignominie de cette œuvre s'emparent de mon être, le paralysant. Je sens mes facultés cognitives et physiques s'évanouirent et je sombre dans l'abîme du mauvais goût que le réalisateur vomi à l'écran. C'est laid, idiot, vulgaire, ridicule, ignoble. Les acteurs jouent mal, mais que peuvent-ils faire quand on leur donne un texte aussi indigent ? L'incroyable Anthony Bajon de Teddy et Chien de la casse se ridiculise. Béatrice Dalle voit son charisme ruiné en l'espace d'une scène. Il y a des moments de bonheur et d'insouciance qui sonnent tellement faux qu'on se croirait devant un exercice de lycéen option audio-visuel. Les situations sont invraisemblables. Les crises de colère ridicules. Le film parle de kidnapping d'enfant, mais c'est totalement désincarné. Jamais on ne voit un kidnapping, jamais une réaction de parents. Rien. On dit juste qu'il y a des enfants kidnappés et les flics les cherchent... Aucune ambiance ne se fait ressentir, aucune gravité. Les plans sont mornes au possible. Les scènes vides s'enchaînent les unes après les autres. C'est le néant absolu. Un vide qui détruit mon âme à petit feu. Je sombre lentement, sentant mon esprit défaillir.

Quelque chose renaît en moi ! Une émotion survient et me ramène à la surface ! C'est la colère. Oui. Une colère qui surgit de cette impression d'être pris pour un immense attardé par le réalisateur qui me crache à la gueule depuis quasi une heure. Il y a une scène de nuit, au domicile des personnages. Le jeune policier est en marcel, épuisé, face à des cassettes qu'il a ramené du travail. Il commence à être rongé par l'obsession, causant une petite anicroche avec sa femme qui se sent délaissée et qui lui annonce ensuite qu'elle est enceinte. Ce cliché des plus immondes films policiers servit tel quel à mes pauvres yeux fait naître en moi une rage pas possible. Comment est-ce possible d'écrire pareille merde en 2024 ? D'oser le sortir à des spectateurs ? Je reprends mes esprits ! L'adrénaline fait repartir mon cœur. Mes muscles se raidissent. Le feu de la haine parcourt mes veines et me pousse à l'action. Je me lève et quitte cet endroit maudit avant que ce funeste spectacle ne finisse de consumer mon âme !

J'ai passé 1h15 dans les abysses de la médiocrité, de ce que le cinéma peut offrir de plus infâme. Je plains tous ces pauvres gens qui n'ont pas réussi à s'échapper de la salle à temps et qui se sont infligés les 2h35 de cette abomination ! Je ne sais pas ce que ces gens sont devenus, ou s'ils sont encore en vie. Je me sens coupable de ne pas avoir pu en sauver certains. Je vais devoir vivre avec la culpabilité d'avoir abandonné des gens devant un film de FB jusqu'à la fin de mes jours. Me voilà maintenant sorti, revenu à ma vie quotidienne, même si je sais qu'elle ne sera plus jamais comme avant.

Cineratu
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le 15 sept. 2024

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