L'EXORCISME
En voyant toutes ses notes/critiques négatives, j'ai sérieusement remis en question mon jugement. Comment est-ce que ce que je considère comme une excellente suite au premier opus, peut autant être...
le 12 oct. 2023
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Comment peut-on avoir assez de mauvais goût pour voir ce genre de film ? J'avoue avoir honte de m'être déplacé au cinéma pour voir cette chose. J'explique ce geste par un instinct masochiste ou par les pulsions de mort qui m'habitent. Quoi qu'il en soit, rien n'excuse le fait de consacrer du temps à ce genre de film, de lui avoir permis d'enregistrer une nouvelle entrée, alors que d'autres films plus intéressant sortent tous les mercredi. Evidemment que ce genre de projet sent le souffre et ce n'est pas très intéressant de taper dessus. Mais parfois, ça fait plaisir de tirer sur l'ambulance. Alors c'est parti.
Après avoir sodomisé la saga Halloween à 3 reprises, avec suffisamment de génie pour faire de pire en pire à chaque volet, David Gordon Green s'est rendu compte qu'il reste encore plein de sagas horrifiques cultes à traîner dans la merde. Un an après son dernier Halloween, le juste temps qu'il faut pour pondre une bouse rapide, il nous présente fièrement son nouvel étron encore fumant. Cette fois-ci, c'est la saga Exorciste qui prend cher. Friedkin est mort cette année et David Gordon Green arrive à le flinguer une deuxième fois et pisse sur sa tombe au passage.
Bon, déjà, j'ai envie de demander comment est-ce possible de faire un film sur l'exorcisme au premier degré en l'an de grâce 2023 ? Nan mais sérieux. A part les bigots demeurés du fin fond des USA, qui croient en la vilaine possession du diable, du malin, du SHEITAN ? Qui peut se sentir impliqué ? Et évidemment, le film se veut ultra sérieux. Genre, c'est trop l'horreur et tout. Sauf que c'est le navet horrifique classique à base de jumpscare merdiques et de personnages débiles qui gueulent en bavant du sang, le visage maquillé à la truelle par un mec atteint de Gille de la Tourette.
Mais de quoi parle ce film ? Comme d'habitude dans cette saga, le Sheitan débarque pour posséder une fille, lui fait faire plein de trucs dégueu et il faut s'en débarrasser par un exorcisme. Sur le papier, c'est simple, sauf que David Gordon réussit l'exploit de rendre tout absolument nul, sans saveur et livre un truc totalement désincarné. Rien ne marche. Comme on est dans un film sur la possession démoniaque, le film s'ouvre logiquement sur un tremblement de terre à Haïti. Vous ne voyez pas le rapport ? Moi non plus. En fait, ça sert juste d'arrière plan dramatique pour les persos. On nous introduit ensuite au Papa qui vit avec sa fifille dans sa petite ville tranquille. À l'école, la fifille va dans les bois avec une inconnue et le Sheitan fini par les posséder. Mais comment cela arrive-t-il ? Bah, les filles ont allumé une bougie dans un égout et ont secoué un pendule au-dessus d'une photo. Voilà voilà. Et en plus, le rituel n'est même pas montré. L'invocation et la possession sont élipsés. Et ils sont où les giga démons de l'Egypte antique ? Bref. Il y a donc une double possession dans ce film. Sauf qu'il n'y a rien de particulier qui lie les deux filles. Le film ne joue même pas dessus. C'est juste qu'il y a deux nanas possédées. Deux nanas qui n'ont aucun lien entre elle, à part qu'elles sont dans la même classe. La possession n'est même pas un vrai problème dans ce film. Les filles transpirent et ont quelques coupures, mais papa enferme vite sa fifille dans un asile. Où est l'urgence, la tension ? La fille est retenue dans un asile et on a juste à attendre l'exorcisme de la fin. Et c'est ce qui se passe. Une fois que le daron se décide à faire un exorcisme, bah, il va juste chercher sa fifille à l'asile. D'ailleurs, il en a du fric pour payer tous les soins de sa fifille ! Ca aurait pu être bien de jouer sur la pauvreté et l'urgence de soigner sa fifille.
On a aussi la mère du premier film, dont je n'ai même pas retenu le nom tellement on s'en tamponne le coquillard, qui revient. Elle débarque en mode grande figure de l'originale qui guide nos nouveaux héros. Comme dans toutes les sagas révisionnistes de merdes, c'est devenu une vieille dépressive usée par la vie qui va se lancer dans un dernier combat, inspirant nos nouveaux héros (bordel, tout ça c'est de la faute de Star Wars 7). Sauf que dès sa deuxième scène, elle quitte le film parce qu'elle se fait crever les yeux. Et là, on se demande vraiment en quoi ce film est une suite du premier. Il n'y a aucun rapport entre les deux. La mère a aussi le temps de lâcher la réplique la plus embarrassante de l'histoire du malaise quand elle dit qu'elle n'a pas pu assister à l'exorcisme de sa fille, car les prêtres étaient trop patriarcaux, ne laissant pas les femmes entrer dans la chambre... Passons.
Les vilaines filles possédées sont très méchantes. Elles ont les yeux jaunes, des cheveux collés par la transpiration et parlent en utilisant une grosse voix démoniaque. On a tous très peur, évidemment. Blague à part, il se passe vraiment que dalle. Le démon ne fait rien d'écœurant ou de perturbant avec les filles. Il y a un manque de créativité affolant dans ce film. Les quelques conflits du papa sont totalement superficiels. Il a vite fait un deuil à faire et est sceptique envers les exorcismes... On s'en branle du scepticisme sur l'exorcisme puisqu'on vient voir un film sur l'exorcisme ! Ou bien, il faut jouer à fond cette carte et partir sur autre chose, sur l'approche rationnelle de la situation. Bref.
Avant l'exorcisme, la mère de Regan fait un grand discours pour que tous les Avengers version bigot se réunissent, sauf qu'elle parle de gens qu'on a vu 30 secondes. Et je dois bien avouer que David Gordon Green à un don pour créer des personnages totalement dénués d'intérêt. Je trouve ça fort de réussir à faire un travail aussi vain et superficiel. Bref. La troupe de branquignols inconnus se réunissent pour l'exorcisme le plus mou et ridicule de l'histoire. Le rituel dure 10 minutes, les filles restent attachées. Ça gueule quelques phrases de la bible, les démons répliquent en évoquant les traumatismes des personnages sauf qu'on s'en fou, puisque, encore une fois, on ne sait pas qui sont ces blaireaux. Le padre arrive en mode sauveur, mais crève comme un con. Toute la salle a rigolé quand il a débarqué. En plus, le film est super premier degré, c'est pathétique. Il y a une sorcière vaudou qui fait des trucs... Une fumée en effet spéciale moche sort de la bouche des démons... On se tape ensuite une révélation qui sort de nulle part, mais un flash-back du plus bel effet nous montrent l'amour entre papa et sa fifille et tous deux sont sauvés. Tout est bien qui finit bien, Regan fait son caméo en allant voir maman devenue aveugle (c'est pour faire une jolie ironie puisque maman a toujours voulu revoir sa fille, mais maintenant elle est aveugle.) Le film se termine sur un plan de deux secondes sur la fifille à l'école et... on s'en fou, c'est l'heure de faire son baluchon et de quitter rapidement la salle avant que quiconque ait pu nous reconnaître, de peur d'être moqué éternellement pour avoir vu tel daube.
Bref, assez parlé de l'histoire, de toutes façons, on s'en branle. Le film est dégueulasse. Grosso modo, tout repose sur des jumpscare de merde, démontrant que David Gordon Grenn n'a aucune compétence pour le cinéma d'horreur. On a même un plagiat d'un jumpscare d'Insidious. L'exorcisme du premier film était un acte grave, dure. On sentait le poids du rituel. Il y faisait froid, c'était fatigant. Ici, on a que dalle. Comme la mise en scène est à chier, le montage tente désespérément de sauver les meubles sauf que c'est tout aussi écœurant. Tout est trop rapide, on ne prend le temps de rien poser, de ne rien installer. On a même l'impression que le film bug, comme avec le plan de fin de deux secondes. Le film est même agressif. On se tape des cut ultra brusque ponctués par des énormes bruitages. Ça ne fait pas peur, ça casse juste les couilles ! Ce film, c'est le vide, c'est l'absence de tout, il n'y a rien, pas d'enjeux, pas de tension, pas de suspense. IL tente de porter un discours sur le deuil, la foi, la famille, mais tout est d'une vacuité affolante. Je ne comprends pas comment ce genre de film peut exister. Qu'on veuille faire des films d'horreurs pour que Jordan, 14 ans, puisse peloter Ilona, pourquoi pas, mais il y a quand même un minimum syndical à respecter. Je pense que David Gordon Green devrait partir dans le désert en exile ou se faire Hara-kiri, parce que là, ce n'est plus possible.
Créée
le 22 oct. 2023
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Putain... j'en reviens pas... le type qui a fait de la merde avec Halloween fait maintenant de la merde avec l'Exorciste... les bras m'en tombent... Moi qui partais pourtant si confiant… Je suis...
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**Est hic rēs nullus...* (Locution Latine bâtarde seyant parfaitement à ce film) Je commence à écrire cette critique alors que le film n'en est qu'à 1h01 et je dois dire que je m'ennuie et me...
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