A l'heure où les cinéastes de la Nouvelle Vague sortaient des studios pour produire un nouveau cinéma réaliste en caméra mobile dans les rues, Melville restait fidèle à sa façon de filmer, reconstituant ( en studio) de manière magistrale Paris et sa banlieue et nous délivrait un authentique film noir, influencé par l'imagerie américaine ( les gangsters portent le chapeau, roulent en cadillac et fréquentent des clubs de jazz...) mais ayant aussi son identité propre qu'un certain John Woo ( entre autres) vénèrera.
Comme souvent chez Melville, "Le doulos" est un film d'hommes: il y est question d'amitié, de trahison, de faux-semblants entre les flics et les voyous.
Jean-Paul Belmondo y joue un rôle trouble d'indic violent dont les motivations n'apparaissent que tardivement. Et c'est une des nombreuses réussites du film que de nous perdre ( pour mieux nous retrouver)à travers ses personnages sur leurs liens passés et présents.
A l'instar de ses autres grands films ( "Le samourai", "le cercle rouge",...) Melville déroule son univers fascinant entre le Paris des clubs privés ou salles de jeux clandestines et la banlieue quasi-désertique où vont se planquer les bagnoles volées ou les butins d'un hold-up .
"Le doulos" est une pépite dans son genre, filmée de main de maître et portée par un casting solide( Belmondo, Reggiani et même Piccoli en second rôle) et un scénario aussi astucieux qu'imprévisible.