"Le Doulos" n'est pas le meilleur polar de Melville, loin s'en faut - il n'a pas l'opacité brutale du "Second Souffle" ni la tristesse minérale du "Samouraï" par exemple -, mais il est le premier : Melville y dégraisse déjà un récit convenu de série noire pour y imposer sa propre mythologie, et débarrasse Belmondo de son cabotinage précoce - en s'inspirant de l'Underplay des acteurs hollywoodiens. On regrettera l'intrigue des plus compliquées, et on constatera que ce qui fera la grandeur du cinéma melvillien n'est encore qu'en gestation dans ce polar, qui arrive seulement à s'extirper de la fange où patauge le polar français de la même époque.
[Critique écrite en 1981]