J'étais assez curieux avant de voir ce film. Le casting est pas mal et le thème est intéressant (à savoir le procès d'un homme qui a fait justice lui-même en abattant les violeurs de sa fillette). J'espérais y voir un film qui défendait deux causes : la condamnation du racisme et l'absurdité de la peine de mort.
Contre le racisme, on est servi. La communauté noire est posée en victime (à juste titre, dans une certaine mesure). Mais concernant la peine de mort, on en est loin. L'accusé ne regrette pas un seul moment son geste, mais reste montré comme un "héros" ou un "sage" tout au long du film. Pire : il est même acquitté à la fin du film ! Alors qu'il a abattu les deux caricatures sudistes en plein hall du tribunal, devant des dizaines de personnes.
Et là où Schumacher est malin et son film pervers, c'est qu'il a trouvé un moyen d'éviter les accusations de gros réac à la con. En faisant de la victime/meurtrier un noir en proie au racisme, il s'émancipe lui-même de telles accusations. Il se permet même de retourner l'accusation contre ceux qui voudraient voir Carl Lee condamné. La morale du film est bien dégueulasse : faites justice vous-mêmes, tu me fais du mal alors je te fais du mal.
Si seulement le réalisateur avait eu la décence de trouver un autre dénouement. Un dénouement du style : Carl Lee comprend que c'est pas bien de se faire justice (je sais pas, en voyant un membre de famille de ses victimes (autre que l'autre facho qui cherche tout le long du film à se venger, vous voyez la perversité du truc) du style une petite sœur toute mignonne) et il finit coupable mais ne reçoit pas la peine capitale. Notons aussi que le personnage principal, l'avocat joué par Matthew McConaughey, déclare à un moment du film être en faveur de la peine de mort. Et pas qu'un peu. Mais que dans certains cas, les cas mérités bien sûr. Genre les deux bonhommes qui ont violé la fille de son client. Son interlocutrice, Sandra Bullock en mode toute jeune toute mignonne, lui rétorque que la peine de mort c'est pas bien. Bon jusque là ok, c'est la moitié du film. A ce moment je pensais "ah ben vu qu'il est bien parti pour la serrer, j'imagine qu'il va changer d'avis sur la peine de mort". QUE DALLE. Il nous lâche un plaidoyer larmoyant plein de sentiments pour justifier l'acte de son client. Bravo.


Monsieur Schumacher, considérer que Carl Lee est coupable de meurtre ne signifie pas que l'on cautionne le viol de sa fille. Cela signifie que la justice ne doit pas être instrumentalisée par les sentiments, sans quoi elle n'est plus impartiale. Votre morale à la con, je la fous aux chiottes.


Je mets quand même 5 parce que le tout est plutôt bien filmé, les acteurs sont plutôt bons, et finalement il n'y a que la fin du film qui pourrit l'ensemble.

raphaelchevrier
5
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le 9 juin 2015

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