En 1888, pour éviter une nouvelle guerre avec le Mexique menaçant de représailles, un Texas Ranger a pour mission d’aller enquêter sur l’origine de meurtres en série de Mexicains aux environs d’un village frontalier. Son maire, suspecté d’en être à l’origine, est également l’incontesté gourou religieux, politique et financier des lieux, et s’avère être celui qui tua 22 ans plus tôt le père du policier. Accompagné de son épouse, Mexicaine, celui-ci s’installe dans le village et engage une enquête où l’argent et Dieu s’avèrent bientôt légitimer l’horreur.
La brillante mise en scène de ce western-thriller spirituel, sombre et froid malgré la chaleur ensoleillée quasi-constante, fait monter jusqu’à l’insupportable les rapports de force et la tension entre les deux hommes, avant de basculer dans un conflit évidemment plus ouvert, ce qui s’avèrera presque dommage. Car la force du film réside dans les formidables enjeux de pouvoir entre les deux hommes, dans le dévoilement des masques, dans l’insolence et l’emprise inquiétantes, inexorables et métaphysiques du seigneur local, encore une fois formidablement incarné par Woddy Harrelson, tant sur les hommes que sur l’épouse du héros, lui-même traqué jusque dans ses contradictions intimes. Et sa faiblesse se retrouve lors d’un dénouement improbable bien que spectaculaire, valant le détour mais maladroitement incohérent avec la logique des personnages et des enjeux.