Une perle !

Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain est l'un de ces films pour lesquels j'ai une affection toute particulière.

C'est un Paris révolu, un Paris actuel, un Paris fantasmé, un Paris de carte postale, un Paris de musique et de poésie, un Paris que j'aime ou que je voudrais aimer, entre deux âges, entre deux niveaux de réalité, et au-dessus. Oncques ne vit Montmartre ou le Pont des arts aussi déserté par les touristes. Dira-t-on "Peu importe" ou "Tant mieux" ? C'est une question de point de vue. Je dis "Tant mieux !".

Ce film est, de plus, une symphonie jouée à l'accordéon. J'adore l'accordéon. L'accordéon, C'EST Paris.

D'aucuns y voient naïveté et mièvrerie, j'y vois finesse et poésie. C'est tout.

Amélie, c'est le grandiose du petit.

Le Français a souvent un culte médiocre du "petit", il aime ce qui est "pas trop grand", "pas trop bon", "pas trop beau", il aime l'outsider, il aime David et non Goliath.
Mais ici, ce n'est pas ça. On est ici dans le registre de l'infiniment beau cherché dans l'infiniment petit. Et c'est quelque chose de rare, et de prodigieux !

Ce film est à la fois magnifique et intelligent. Il a quelques défauts, certes, notamment un petit manque de souffle sur la deuxième moitié, mais ça ne masque pas l'esthétisme raffiné et léger de l'ensemble, porté par un réalisateur excellent et des acteurs bons dans l'ensemble, à commencer par une merveilleuse Audrey Tautou.

D'aucuns parlent de "sérum contre la morosité", mais pour moi, c'est même plus que ça. Parce que la notion de "sérum" a une connotation de "tromperie", de "diversion" en quelque sorte. Amélie Poulain, ce n'est pas que de la bonne humeur et de la gentillesse, c'est plus que ça. C'est de la poésie.

Une perle, vous dis-je !