On pardonnera facilement à Franck (Jack Nicholson) ses égarements car le pauvre est certainement tombé, dans cette station essence paumée au fin fond de la Californie, sur une des actrices les plus torrides que le cinéma nous ait donnée. Jessica Lange irradie littéralement chacune des scènes où elle apparait et si Jacky se consume à sa vue, il n'est pas le seul. Elle tient parfaitement sa place dans la grande famille des femmes fatales que le film noir américain a inventée. Mais là où Barbara Stanwyck dans Assurance sur la mort campe une garce vénéneuse, Jessica Lange offre une candeur, un rayonnement juvénile qui fait qu'il est difficile de lui reprocher jusqu'au meurtre le plus sordide.
La mise en scène quant à elle est très classique et le scénario linéaire mais la qualité du film tient pour beaucoup à sa construction, l'histoire avançant par vagues successives, comme un mouvement en spirales. En effet, l'intrigue joue essentiellement sur la question de savoir si nos deux tourtereaux vont échapper à leur destin. Au fond de nous, on sent bien que tout ça va mal finir mais la question reste de savoir quand et comment.
Et c'est là que le film réserve des surprises. A plusieurs occasions, on pense l'impasse arrivée pour les amants mais ce n'est à chaque fois que partie remise : lors de l'assassinat du mari (en deux temps), du passage du flic (deux fois), du procès (en deux temps), du chantage (menaçant puis résolu) et enfin de l'accident à cause d'un baiser (évité une première fois avant que...). Le scénario colle du coup parfaitement au titre du film, les ficelles du destins se manifestant à chaque fois comme un avertissement que les deux amoureux, aveuglés par leur passion, ne peuvent percevoir. Il y a du Bonnie & Clyde dans ces deux-là.
9/10 pour Jessica Lange
6/10 pour la mise en scène
7/10