Je n'exclus, pas un jour de remonter la note de ce film de 8 à 9. Peut-être à la faveur d'un nouveau visionnage.
Le fanfaron, en italien, s'appelle Il Sorpasso : le dépassement. Les deux fonctionnent, mais le dépassement propose quelque chose de plus subtil pour résumer le film (et pas seulement la fin). Ce film est considéré comme l'une des plus grandes comédies italiennes qui soit. Parce qu'elle sait faire rire (au moin sourire) et décrire une société, et ses travers.
L'Italie est en train de rentrer dans sa période dite du "miracle italien". Ce moment, ou la reconstruction d'après-guerre est globalement terminée, et où la croissance économique permet à de plus en plus d'italiens de bien vivre. Jusqu'à se payer des vacances : tout se passe lors d'un long week-end du 15 août : Rome est vide et les plages et les campagnes sont pleines de travailleurs méritants.
Mais aussi, jusqu'à avoir une crise existentielle : dès lors que notre quotidien n'est plus consacré à la survie, quel devient le sens de notre vie ?
Le fanfaron (interprétation grandiose de Vittorio Gassman) est cet homme qui, au-delà d'être, bien sûr, un fanfaron, choisit de rester un enfant. Ce qui, on le verra, ne fait pas de lui un homme plus heureux, mais un homme affascinante, comme disent les italiens (pas besoin de traduction), parce que :
- il vit comme il conduit (à fond à fond à fond et n'importe comment)
- il sait séduire au premier abord (mais les gens finissent toujours par sortir de cette séduction, constatant un peu de vide quand même)
- il emmène certains d'entre eux jusqu'au bout de sa folie (et notamment, la carpe Jean-Louis Trintignant)
L'attelage brinquebalant du fanfaron exubérant et de l'étudiant effacé est un classique : l'opposition des genres pour en obtenir des étincelles et voir qui va amener l'autre dans son monde.
C'est un grand film qui est en train de me laisser une plus grande marque que ce que j'en attendais et peut-être qui le mettrait dans mon top 10 des comédies. Mais aussi des road-movies. Car oui, on visite Rome, on va jusqu'à la côte, jusqu'à la Toscane, il fait beau, et on y va tambour battant, faisant fi des dangers et des accidents qu'on laissera sur notre route. Comme la croissance économique.