Le Fantôme de l'opéra par Sophia
L'Opéra Garnier est hanté par un étrange fantôme. Portant le masque d'un crâne humain, il inspire la peur et la terreur. Mais cet étrange personnage va tomber fou amoureux de l'une de ses cantatrices. Prêt à tout pour la séduire, il finit par l'effrayer par son apparence repoussante. Elle cherche alors à lui échapper et demande de l'aide à son prétendant.
Baignant dans un univers à la fois funèbre, dans une dimension gothique un brin moyenâgeuse, et à la fois dans le merveilleux, à la limite de la pantomime, cette version du Fantôme de l'Opéra est sans nul doute la meilleure adaptation du roman de Gaston Leroux. Par le pari de retranscrire une ambiance lourde et pesante d'histoire de fantôme qui n'en est pas une, le directeur de la photographie opère le choix judicieux d'utiliser les clairs/obscurs si chers aux cinéastes expressionnistes. Les ombres prennent vie dans ce film où le fantôme de l'Opéra utilise ce moyen pour s'exprimer sans se montrer réellement. L'ombre du fantôme est quasiment omniprésente durant le début du film où elle est utilisé pour exposer les actions manipulatrices du fantôme sans dévoiler réellement sa présence. Ombre élégante et charmeuse, elle masque bien la réalité, et séduit ainsi la belle, piégeant le prétendant de Christine avec facilité. L'ombre tout comme l'arrière du décor de l'Opéra est un endroit idéal où Erik peut cacher de tous son visage brûlé, d'une manière bien plus efficace que son malheureux masque. C'est aussi à l'aide de cette lumière théâtrale que le directeur de la photographie retranscrit une ambiance gothique. Le fantôme, l'opéra, la princesse enlevée sauvée par son prince, on y retrouve à la fois des éléments de conte de fées, tout comme des légendes urbaines de l'époque. Mais c'est avec un talent rare qu'il renoue avec des intrigues ressemblant étrangement à celle du cinéma expressionniste. Le malheureux défiguré finissant aux mains d'une foule en colère n'est pas sans rappeler les thèmes chers aux expressionnistes. Tout comme l'image du monstre amoureux de la belle, rappelle l'histoire d'autres héros d'histoires gothiques.
Naviguant entre les genres, le film reste très étonnant par son image, il contient en effet une scène en technicolor, et mélange sans contre façon les genres. Entre une scène en technicolor rappelant l'Opéra même, par les costumes, la mise en scène, et les cadres choisis, et des scènes plus troubles offrant des séquences ressemblant à des grands films de l'expressionnisme allemand, ou plus simplement à la triste histoire du monstre de Frankenstein. S'il n'appartient à aucun genre réellement, il n'en demeure pas moins une œuvre éblouissante où de nombreux moyens ont été mis en place afin de restituer au mieux cette œuvre magnifique.