Je viens de découvrir le second film de Monsieur Jacques.
J'ai rarement vu un film avec autant d'implication émotionnelle de son créateur.
Le film (qui, je dois le reconnaître est tout de même un sacré nanar cinématographique, techniquement parlant) est une sorte de va tout. Brel y partage ses démons venus de l'enfance peuplant ce grand corps dégingandé d’adulte.
J'ai, depuis mon plus jeune âge, été nourri aux chansons de Brel. Une, parmi tant d'autres, m'a touché; "Mon Enfance". Je me souviens de cette phrase désespérée "Mes oncles repus m'avaient volé le Far West", Tout est là. La chanson faisait partie de ma liste de textes choisis lors de mon BAC Français, c'est dire...
Je dis souvent que dans l'art, la technique est certes bénéfique, mais qu'avant tout, je chéris la vérité, la sincérité et l'implication de l'artiste.
Dans ce film, Jacques Brel intègre ses rêves, ses démons, entraine ses amis. Un an auparavant, il tourne un de mes films préférés "L'aventure c'est l'aventure" de Claude Lelouch avec, entre autres, Lino Ventura et Charles Gérard. Le premier coproduira le film, les trois feront de brèves apparitions dans le film. La mise en scène est clairement grandement inspirée par la liberté de caméra de Claude Lelouch.
Pour qui connait un peu l'univers onirique de Brel, le film se révèle une malle à secrets, le combat improbable au palais royal fait diablement penser à "l'homme de la mancha" qu'il a interprété en 1968.
L'allégorie du don légué par le fakir est merveilleusement poétique.
Comme pour s'excuser du sérieux des ses parti pris, Brel tente de détendre l’atmosphère en enrobant son propos d'humour décalé, un peu à la manière des Monty Python, mais sans grand succès, il faut le reconnaître.
Profondément atteint par le rejet exprimé aussi bien par la profession que par le public, Brel ne fera plus aucun film, à part son rôle dans "l'emmerdeur" sorti la même année.
Le monde, repus, lui a volé le Far West.