Knight and the city
“You gotta convince me that you know what this is all about, that you aren't just fiddling around hoping it'll all... come out right in the end!” En une phrase et avant un chapelet de répliques...
le 12 sept. 2018
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Le Faucon maltais, c’est d’abord un personnage, une figure, une icône. Celle du détective Sam Spade par Humphrey Bogart. L’un et l’autre se confondent. Un physique, mais aussi un jeu. Pour un personnage au cynisme imperturbable, à la méfiance toujours alerte, mais, malgré quelques écarts de morale, du bon côté de la justice. C’est le personnage dur mais flou car toujours surprenant, qu’on hésite à apprécier, basculant entre l’admiration et l’aversion.
Le reste de la troupe n’a pas le même éclat, mais brille quand même. Bien que briller soit un bien grand mot avec ces personnages aux faux-semblants. Si on ne devait en retenir qu’un thème, ce serait évidemment celui du mensonge. L’enquête de filature des débuts dévoilera toute une série d’évènements, de révélations, mais surtout beaucoup de fausses vérités et de non-dits.
Mais je ne peux m’empêcher d’être malgré tout déçu. Si je peux comprendre toutes les qualités proclamées de ce film, je n’en ai cité et n’en citerai que quelques unes, Le faucon maltais reste pour moi indigeste. Annoncé comme l’un des meilleurs films noirs, si ce n’est le meilleur, il souffre pourtant de quelques défauts qui m’empêchent de le citer comme une référence.
Même si John Huston avait déjà un peu de bouteille dans le cinéma, son premier film en tant que réalisateur et scénariste ne m’apparaît pas comme le « coup d’essai et coup de maître » tel que prétendu sur Wikipedia. La réalisation est simple, centrée sur ses personnages, mais pour qui sait rester attentif, il y a quelques problèmes de raccord qui gâchent les relations entre les acteurs, tandis qu'un manque de décors différents se fait sentir. Alors John Huston cadre ses personnages, fait en sorte que le spectateur soit attentif à ce qui se dit, plus qu’à ce qui se fait. Pour éviter que ses personnages sortent des décors, il use d’ellipses, et les fait venir entre les mêmes lieux. Il y a du talent à savoir dissimuler ses faiblesses, comme un faible budget, mais le maquillage est parfois fragile.
Ce désagrément n’est cependant rien par rapport au rythme du film, effréné. La troisième adaptation du roman de Dashiell Hammett en dix ans semble tout vouloir condenser, laisse des noms en arrière-plan, quand elle n’utilise pas un peu trop d’ellipses. Tout le sel de l’histoire est de jouer sur le mensonge et le spectateur devrait déjà être déstabilisé. Mais il devient confus, emporté malgré lui, obligé à rester attentif au moindre détail. La fin à ce titre révèle bien ce sentiment, puisqu’elle aligne des éclaircissements et des rebondissements dans un laps trop court, sans laisser le temps d’en prendre la mesure. L’adaptation est sincère vis à vis de sa matière première, mais hélas en précipitant les choses elle empêche de développer l’atmosphère noire à laquelle le film prétend.
Le Faucon maltais est un film marquant sur de nombreux points. Il a révélé Humphrey Bogart et John Huston, et c’est un très bon représentant du film noir. Mais il me semble trop fragile et trop précipité pour prétendre au titre de roi du genre. Parmi les prétendants à la couronne je voterais plutôt pour Mort à l’arrivée, si mon avis avait une quelconque importance.
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Créée
le 25 oct. 2019
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