Hitchcock nous prévient dès l’introduction que tout ce que nous allons voir s’est réellement passé. Par la suite, on peut lire que le héros de ce film se souviendra sans doute toute sa vie de cette fameuse journée. Et enfin, apparaît sur l’écran le titre du film « The Wrong Man » (subtilement traduit par « Le Faux Coupable »…).
On entre alors dans le film sans aucune attente, même pas celle, pourtant clairement indispensable au cinéma, d’être surpris par le film. On sait déjà qu’il s’agit sans doute d’un homme qui va se faire accuser à tort mais qui sera finalement blanchi à la fin. Bon, il ne reste plus qu’à voir comment ça va se passer. C’est donc assez dommage.
Heureusement, c’est Henry Fonda qui joue le héros. Henry Fonda, il est tellement extra super méga génial, que je me demande pourquoi je ne me suis pas encore tapé toute sa filmographie. C’est le mec qui joue les losers comme personne, les pauvres petits mecs bien braves, mais qui peut aussi jouer un des plus grands méchants de l’histoire du Cinéma et un Président des États-unis qui tente de garder la face (purée Point Limite je crois que je ne m’en remettrai jamais).
Pour en revenir au film, il déroule son histoire gentiment, sans offrir de grosses surprises ou de rebondissements incroyables. Ce n’est pas un Hitchcock des grands jours, sans être totalement inintéressant. Ce qui arrive à cet homme n’est pas si surprenant au final et on ne parvient pas à blâmer grand monde (sauf peut-être les guichetières à l’origine de l’accusation). C’est juste peut-être un poil gênant de voir cette injustice se dérouler sous nos yeux, mais à aucun moment on ne sent gronder en nous un sentiment de révolte. Tout simplement parce qu’on n’a pas si peur que ça pour ce brave Manny. Le seul pan de l’histoire qui peut à la limite nous étonner passe à travers le personnage de Rose, son épouse. Mais de toute façon, tout est désamorcé dans le texte épilogue.
La réalisation de Sir Alfred est somme toute classique avec quelques essais de plans un peu originaux, notamment la caméra nauséeuse dans la cellule de garde à vue. Mais le tout reste bien propret, à l’image de l’histoire dans son ensemble et des interprétations de chacun. Restent les interrogations fugaces que l’on peut avoir quant aux méthodes de la Police à cette époque (notamment l’identification du coupable par les témoins) mais dans le fond, on sait très bien que tout cela pourrait arriver de nos jours.